Tous les départements de notre région sont actuellement en "vigilance sécheresse". Un usage raisonné de l'eau est demandé aux habitants. Les 135 000 piscines privées des Hauts-de-France pourraient-elles subir des restrictions, comme c'est déjà le cas dans les Pyrénées-Orientales? Le point sur la situation.
C'est un plaisir presque coupable ces temps-ci : profiter d'une piscine privée. Le niveau des nappes phréatiques est bas dans notre région. Entre la fin mars et la mi-avril, nos 5 départements ont été placés en "vigilance sécheresse". Les mesures de restrictions s'accumulent, notamment dans l'Oise.
En cause, une pluviométrie particulièrement basse partout dans la région. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, le département "a connu en 2022 une situation de sécheresse avec une pluviométrie inférieure de 36 % à la moyenne habituelle, ce qui a provoqué un assèchement des sols inédit depuis 1958."
Il est donc demandé aux habitants d'économiser au maximum l'eau potable afin d'éviter la mise en place de restrictions plus lourdes dans le courant de l'été. Chacun est appelé à réduire sa consommation d'eau de 10%.
Alors qu'en est-il des piscines privées ?
Dans les Pyrénées-Orientales, département en "crise sécheresse", le remplissage des bassins privés est interdit, ainsi que la vente de piscines hors-sol. Rien de tel n'est encore prévu dans les Hauts-de-France, mais selon Les Verts, "il va bien falloir penser à une régulation, la question ne va pas se poser que dans le sud."
On sait qu'il y a une grosse menace sur la ressource en eau, il faut clairement prioriser les usages vitaux. Il n'est pas vital de remplir sa piscine privée.
Pauline Ségard, présidente du groupe écologiste à la Métropole européenne lilloise
Les Ecologistes ont alors proposé à la Métropole européenne de Lille la mise en place de la tarification progressive de l'eau, comme c'est déjà le cas à Dunkerque, par exemple : "les premiers mètres cubes d'eau devraient être moins chers, explique Pauline Ségard, présidente du groupe écologiste à la Métropole européenne lilloise, et ce qui relève de la consommation de luxe ou de confort, comme remplir sa piscine privée, doit être facturé plus cher." La proposition a été rejetée.
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Filtres
Et les professionnels des piscines de rappeler que des efforts sont faits. "La consommation d’eau des piscines a été réduite de 45 % en 25 ans", assure leur fédération. Cela passe par des progrès techniques, comme l'utilisation de filtres à cartouche ou poche filtrante.
"C'est fini de vider sa piscine et de la remplir tous les ans, rappelle ce pisciniste, on fait ce qu'on appelle des hivernages actifs, c'est-à-dire qu'on ne vide jamais l'eau mais on laisse tourner la filtration deux heures par jour pendant l'hiver."
L’ensemble des 3,4 millions de piscines privées en France ne représente que 0,15 % de l’utilisation d’eau nationale.
Fédération des professionnels de la piscine
Fini aussi les grandes piscines, très profondes, aujourd'hui la tendance est aux plus petits bassins, peu profonds, qui consomment donc moins d'eau et moins d'énergie comme celui-ci : "10m², c'est bien suffisant pour se détendre" assure le propriétaire.
Pour une basse consommation en eau, la fédération rappelle que l'installation d'une couverture ou d'un volet permet de limiter le phénomène d’évaporation (entre 40% et 90%). Mieux encore : la mise en place de systèmes de récupération des eaux de pluie.