L'intersyndicale CGT-FO-UNSA du Centre hospitalier de Maubeuge a déposé un préavis de grève du 4 au 7 juillet 2022. En cause : des conditions de travail dégradées, une absence de dialogue social ou encore la non-application des certaines primes Covid.
"Calamiteux, pas d'autres mots à dire", c'est de cette manière que Guillaume Rosey, responsable CGT, décrit la situation au centre hospitalier de Maubeuge.
En effet, l'intersyndicale CGT-FO-UNSA, qui dénonce des conditions de travail "catastrophiques", a déposé un préavis de grève qui s'étend du lundi 4 au jeudi 7 juillet 2022.
Des patients "lourds" à prendre en charge
L'intersyndicale a plusieurs revendications. Elle demande un "rétablissement du dialogue social" et davantage d'embauche. Car avec des effectifs de plus en plus restreints, "revus à la baisse par les normes ANAP (Agence Nationale d'Appui à la Performance)", il devient difficile de prendre correctement en charge les patients qui se présentent à l'établissement.
Récemment, dans le service de médecine interne du centre hospitaliser, Guillaume Rosey a remarqué qu'il avait "trente patients" pour trois aide-soignants. Ils devaient faire "22 toilettes complètes". Certains "étaient en fin de vie, d'autres avaient beaucoup de pansements qui peuvent prendre jusqu'à une heure à changer". Il affirme pouvoir faire le même constat "en gastro ou en chirurgie", entre autres services.
Il existe également "des spécificités territoriales propres à Maubeuge sur le plan sanitaire avec des patients plus lourds à prendre en charge car ils souffrent de polypathologies et de pathologies graves", poursuit-il. Sur le plan social, c'est "une catastrophe" et certains arrivent à l'hôpital "avec des pathologies avancées car ils n'ont pas les moyens d'aller voir un médecin". La prise en charge de ces cas spécifiques est rendue plus compliquée avec la restriction des effectifs.
"Rendre attractif l'hôpital public"
Parmi les autres revendications, le personnel exige "l'application des textes pour rendre attractif l'hôpital public". Par exemple, "suite à la vague Covid, il y a eu la mise en place des doublements des heures supplémentaires. Mais on s'est retrouvé avec des heures Covid payées, d'autres pas, d'autres payées mais pas doublées, c'est une discrimination du personnel". Quant à la prime de soin critique à destination des unités de soin intensifs, elle "n'a toujours pas été versée".
Autre point important : la privatisation de certains services. Le plus vieil établissement du Nord et du Pas-de-Calais a eu des "locaux neufs le mois d'octobre dernier et la direction en a profité pour privatiser certains services". L'intersyndicale veut "maintenir l'emploi public à tout prix" et "maintenir l'emploi avec des conditions sociales d'emploi public".
En début d'année, ils ont fait face à la "suppression de nombreux emplois d'ASH (Agent des services hospitaliers) public qui ont été transférés au privés et certains salariés qui avaient un temps plein se sont retrouvés en partiel". Des infirmiers ont déjà commencé à partir travailler en Belgique, où les "conditions de travail sont plus attractives."
Le personnel demande aussi "d'améliorer la conciliation entre la vie de famille et la vie professionnelle" car il y a "des agents qui ont zéro week-end, certains travaillent alors qu'ils ont des proches malades, comment prendre soin des autres alors qu'on ne prend pas soin des nôtres ?", demande Guillaume Rosey.
"Malaise total"
Le syndicaliste alerte sur un "malaise total" allant des "chirurgiens du bloc opératoire" aux "agents administratifs de la direction des ressources humaines, à bout d’une organisation totalement dépassée".
Il déplore aussi une absence de dialogue. "Il y a la direction d'un côté et tout le reste de l'hôpital de l'autre", regrette-t-il en espérant que cette nouvelle grève fera bouger les lignes.