La conférence qui devait avoir lieu samedi à la mosquée Bilal à Roubaix, au cours de laquelle devait intervenir l'islamologue suisse controversé Hani Ramadan et un autre prédicateur, Eric Younous, a été annulée, a indiqué mardi la mosquée sur les réseaux sociaux.
"Suite à une réunion du conseil d'administration de la mosquée Bilal, nous vous informons que la conférence prévue ce samedi 4 février est annulée. Cette décision a été prise pour mettre fin à toute polémique autour de ce sujet", a écrit la mosquée sur son compte Facebook. Le président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avait demandé lundi au préfet du Nord d'interdire cette conférence, faisant valoir que Hani Ramadan et Eric Younous avaient tenu des propos "totalement à l'encontre des valeurs républicaines qui sont l'égalité entre les femmes et les hommes et la laïcité". "Nous ne pouvons accepter que des manifestations publiques, au cours desquelles des prédicateurs prônent la haine et la division nationale, puissent se tenir sur le territoire de la République française", avait écrit M. Bertrand dans un courrier adressé au préfet du Nord, Michel Lalande, et daté du 30 janvier.
Le maire de Roubaix, Guillaume Delbar (LR), avait affirmé de son côté dans un communiqué avoir interpellé le préfet du Nord "afin de connaître
la position de l'État sur l'organisation" de cette rencontre, condamnant "les déclarations des deux conférenciers rapportées dans la presse et sur différents sites".
Le vice-président du Front national Steeve Briois avait également demandé son interdiction. "Alors que la France vit encore sous l'état d'urgence, il n'est pas admissible qu'une telle conférence puisse avoir lieu ni que le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux laisse pénétrer sur notre sol, un prédicateur islamiste étranger (...)", écrivait le maire d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) dans un communiqué.
Contactée par l'AFP, la préfecture du Nord s'est refusée à tout commentaire. Hani Ramadan est le frère de l'universitaire Tariq Ramadan, et le petit-fils de
Hassan El Banna, fondateur des Frères musulmans égyptiens. En septembre 2002, il avait fait scandale en défendant dans une tribune publiée dans Le Monde l'application de la charia et la lapidation des femmes adultères. Il avait ensuite été licencié de son poste d'enseignant de français par le gouvernement genevois pour propos "contraires aux valeurs démocratiques et aux objectifs de l'école publique".
En septembre 2016, la ville de Nîmes avait déjà annoncé l'interdiction d'une conférence de Hani Ramadan, estimant que ses prises de paroles allaient "à l'encontre des valeurs de la République". Eric Younous est un prédicateur converti, gravitant dans la mouvance salafiste.