Le chanteur HK, auteur de Danser encore, arrête de se déplacer en France jusqu'à la fin du mois d'avril. Il participait jusque-là à des manifestations en solidarité avec le monde de la culture et l'arrêt de la vie sociale. Ses déplacements provoquaient l'attroupement.
La diffusion de son hymne Danser encore se fera désormais sans lui. Le chanteur populaire Kaddour Hadadi, alias HK, natif de Roubaix, a décidé d'arrêter les déplacements qu'il menait jusqu'à maintenant avec sa troupe Les Saltimbanks, pour défendre une autre vision de la vie avec l'épidémie. On l'avait vu, dans de nombreuses villes de France, participer à des regroupements pour contester la fermeture des lieux de culture et l'effritement du lien social. Il avait notamment participé aux occupations des théâtres de l'Odéon à Paris ou celui du Nord, à Lille.
Mais depuis, les nouvelles restrictions prises par le gouvernement l'ont fait changer d'avis. "J'ai fait le choix d'arrêter les déplacements par solidarité avec les Français, qui eux, vont à nouveau subir des mesures de restriction. Dans ce contexte, je me voyais mal aller de villes en villes, même si légalement nous le pouvions dans le cadre de rassemblements organisés", explique-t-il. "De plus, ces rassemblements pourraient être la source de tensions et de divisions alors que ce n'en est pas le but", prévient HK.
Ses prochains déplacements à Nantes, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Millau ou encore Cahors sont donc annulés. "Cela ne veut pas dire que nous abandonnons la lutte. Certains vont continuer à organiser des événements, nous ne sommes qu'un vecteur de la contestation, beaucoup d'autres personnes la portent".
"Nous allons devoir vivre avec le virus. Nous réussissons à continuer d'assurer les cours et d'aller au travail. Nous devons trouver les moyens de se retrouver"
Les rassemblements qu'il animait provoquaient le bonheur de ceux qui se considèrent privés de lien social et l'exaspération des autres, qui n'y voyaient que des clusters en puissance dans lesquels les mesures barrières n'étaient pas toujours respectées. "J'ai un réseau important dans le milieu culturel, ça fait 15 ans que je le fréquente. Je recevais naturellement des sollicitations de mes amis ici et là pour que je vienne accompagner la lutte", raconte l'auteur et chanteur de 44 ans.
Souvent, il venait y chanter son désormais très populaire et politique Danser encore (2 millions de vues sur Youtube), chanson dans laquelle il critique les mesures prises par le gouvernement. L'air a été repris, détourné et utilisé par des personnes de divers horizons, souvent en lutte contre les restrictions liées à la pandémie. HK précise que sa chanson aurait même été reprise en Allemagne, en Angleterre et même à Time Square à New York.
"J'ai écrit cette chanson lors du deuxième confinement lorsque le terme «non-essentiel», pour qualifier les activités culturelles notamment, a commencé à être utilisé. Je le trouvais insultant pour ceux qui font vivre la culture, et à l'origine d'un choix de société dont je ne veux pas", se souvient le chanteur qui était alors à Avignon, dans le cadre de répétitions pour une pièce de théâtre. Il se dit surpris par l'ampleur du succès de cette chanson qu'il a écrite en un seul soir "comme un exutoir". Ses préconisations sur la situation actuelle ? "Nous allons devoir vivre avec le virus. Nous réussissons à continuer d'assurer les cours et d'aller au travail. Nous devons trouver les moyens de se retrouver".
En attendant de pouvoir tourner à nouveau à travers la France pour des concerts, HK s'est installé à Bergerac. Mais c'est à Roubaix qu'il a grandi et passé 35 ans. Dans son dernier album, sorti en septembre, et intitulé Petite Terre, il raconte son parcours et son exil dans la chanson Le Roubaisien de Bergerac.