La crise de l'eau se confirme à travers les Hauts-de-France. Le 24 juillet, plusieurs bassins de la Somme étaient placés en vigilance sécheresse ou en alerte renforcée. Ce 29 juillet, dans le Nord, le basse de l'Yser est classé "en crise", une situation inédite.
"Malgré les restrictions déjà en vigueur, la dégradation continuelle des débits de l’Yser a atteint un niveau inédit, qui met en péril la vie aquatique. Le département du Nord étant confronté à cette situation pour la première fois, le préfet du Nord a déclenché le niveau de crise sécheresse sur le bassin de l’Yser", le 29 juillet. Un basculement qui représente une première historique dans le Nord, et entraîne une nouvelle série de restrictions détaillées sur le site internet de la préfecture. Sur le bassin versant de la Scarpe aval, la préfecture observe également une "dégradation de la situation" et passe donc en alerte renforcée. Quelques jours plus tôt, la Somme avait dû placer en alerte renforcée les zones de la Maye, de l'Avre et de la Bresle.
Conséquence directe de la situation, les feux de végétation se multiplient, les risques étant accrus par les périodes de moissons. Selon le compte rendu du SDIS du Nord, les sapeurs-pompiers ont été engagés sur au moins deux incendies d'ampleur dans la journée du 29 juillet. D'abord, à Tourcoing, pour un feu de broussailles qui a dévasté 500m² avant de ses propager à des jardins privés. Ensuite, à Séranvillers-Forenville, un feu de chaume a brûlé deux hectares et de nombreux ballots de paille. Des occurrences désormais quasi-journalières, comme en atteste le fil Twitter du SDIS59.
Dans le Pas-de-Calais, les soldats du feu ont notamment été mobilisés dans la commune de Lestrem "pour un feu de moissonneuse dans un champ de blé sur pied d’une superficie de 2 hectares. L’intervention rapide des sapeurs-pompiers a permis de limiter la propagation. 2500 m2 ont été brulés. L’extinction a été réalisée au moyen d’une lance avec le soutien de l’agriculteur" détaille le SDIS62.
Vagues de chaleur, sécheresse : un aperçu de notre futur climatique
Sous l'effet des vagues de canicule, qui ont commencé dès la mi-juin, l'assèchement des sols atteint des niveaux critiques : selon Météo France, la France pourrait être en train de vivre son été le plus sec depuis 1959, le début des relevés de températures. Selon des experts, ces épisodes sont un aperçu de notre futur climatique. "Avec le dérèglement climatique, les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes, intenses et précoces dans l’année. Selon Météo-France, le nombre de jours de chaleur est annoncé en hausse d’ici la fin du siècle dans tous les scénarios d'émissions de gaz à effet de serre. (...) En cas de fortes émissions, ce nombre de jours pourrait être multiplié par 5 voire 10" rappelle le ministère de l'Ecologie.
Pour aider les citoyens à visualiser plus concrètement l'impact du dérèglement climatique, Météo France et l'AFP ont créé la plateforme "Demain, quel climat sur le pas de ma porte". Un moteur de recherche vous permet de saisir votre commune d'origine, et de visualiser son avenir climatique d'après les trois scénarios envisagés par le GIEC : optimiste, intermédiaire, et pessimiste, un scénario dans lequel les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître. A Esquelbecq, commune du bassin de l'Yser, le scénario intermédiaire prévoit une augmentation de 1.3° d'ici 2050. Le nombre de jours "anormalement chauds" passerait, lui, de 23 par an à 45, une augmentation de 100%.
"Une anomalie de température n’est pas qu’un chiffre. Même pour les communes qui se réchauffent le moins, quelques dixièmes de degrés de variation peuvent conduire à déstabiliser un système climatique fragile. Avec des conséquences telles que des vagues de chaleur plus longues, des sécheresses fréquentes ou encore des événements climatiques violents (incendies, inondations, canicules) plus fréquents" rappelle Météo France.