Dans la bataille du Brexit, la question de l'immigration a eu un rôle de premier plan. Le Royaume-Uni durcit, comme il l'avait prévu, ses politiques migratoires, en durcissant les peines de prison pour les migrants dit "illégaux".
Ça n'aura pas traîné. Selon une information transmise par l'AFP, le Royaume-Uni va augmenter considérablement les peines de prison réservées aux migrants dit "illégaux". C'est la ministre de l'Intérieur Priti Patel qui a présenté ce weekend du 4 juillet cette disposition, dans le cadre d'un projet de loi à haute valeur polémique : celle de la réforme du système d'asile.
Depuis 2015, l'immigration était le thème phare de campagne des pro-Brexit, pour qui la libre-circulation des personnes et les politiques de l'Union Européenne sont responsables de la hausse des arrivées de migrants. Qu'importent les études qui démontraient alors les bienfaits économiques de l'immigration.
L'immigration, argument phare des pro-Brexit https://t.co/e2o7brrqTa pic.twitter.com/7hXMnV0d4s
— L'Express (@LEXPRESS) June 20, 2016
Le Royaume-Uni durcit ses politiques migratoires, c'était entendu. Mais la surprise réside peut-être dans les détails. La peine de prison réservée aux migrants qui cherchent à entrer illégalement dans le pays va passer de six mois à quatre ans. Les passeurs, qui risquaient jusque là 14 ans de prison, encourent maintenant la perpétuité. Le plan de réforme prévoît aussi un traitement différencié pour les migrants légaux et illégaux, même après l'entrée sur le territoire.
"Mythes et contre-vérités" : Amnesty Internatinal monte au créneau
Selon le ministère de l'Intérieur, il est "très vraisemblable que ceux qui se rendent au Royaume-Uni à bord de petites embarcations viennent d'un pays sûr de l'Union européenne où ils auraient pu demander l'asile". "Quand c'est le cas, ils ne cherchent pas le premier endroit possible où se réfugier", mais font du "shopping" en "choisissant le Royaume-Uni comme destination préférée à d'autres, en utilisant des voies illégales pour s'y rendre", affirme le Home Office, le service chargé des demandes d'asile.
Un cliché typique employé lors des ajustements politiques migratoires, issu des milieux d'extrême-droite et immédiatemment dénoncé par Amnesty International. "Au lieu de répandre délibérément mythes et contre-vérités au sujet de l'asile et l'immigration, le Home Office ferait mieux d'établir des voies sûres pour que ces quelques personnes qui fuient les persécutions et veulent demander l'asile ici", a réagi Steve Valdez-Symonds, l'un des responsables de l'association au Royaume-Uni.
En effet, les raisons qui poussent les demandeurs d'asile à se diriger vers le Royaume-Uni sont nombreuses, et pragmatiques. La facilité de langage pour ceux issus de territoires anglophones et un système économique très libéral, où les contrôles sont moins fréquents et où ils espèrent donc pouvoir travailler, sont en tête de la liste. "N’oublions jamais… Quitter son pays pour survivre est une tragédie. N’ajoutons pas de drame au drame : accueillons dignement les chercheur·se·s de refuge" a appelé de ses voeux le maire de Grande-Synthe, Damien Carême, lors de la journée internationale des réfugiés, le 20 juin.
Ce projet de loi intervient alors qu'un nombre record de migrants ont traversé la Manche à bord de petites embarcations, près de 6 000 pour les six premiers mois de l'année 2021. Ce weekend des 3 et 4 juillet, les autorités françaises ont encore secouru 78 migrants dans le détroit du Pas-de-Calais, qui se dirigeaient vers le Royaume-Uni dans des embarcations de de fortune.