Six mois après le redressement judiciaire de l’usine calaisienne, les 114 salariés sont enfin fixés sur leur sort. Le tribunal de commerce d’Orléans a rendu son délibéré ce jeudi 3 mai à 18 heures. Synthexim, c’est fini.
"On a déjà connu cette situation il y a 10 ans, mais maintenant que le couperet est tombé, ça fait mal". De la tristesse et beaucoup d’amertume pour Yoann Delattre. Pour lui et la centaine de salariés de Synthexim, c’est une page qui se tourne. La liquidation judiciaire du site centenaire a été prononcée au tribunal de commerce d’Orléans, avec - comme convenu entre direction et les syndicats - poursuite de l’activité jusqu’au 31 mai pour répondre aux dernières commandes et mettre le site en sécurité.
"Les professionnels vont pouvoir travailler jusqu’au bout et partir la tête haute", se console Franck Deléglise, représentant des salariés. A présent, il faut penser à l’avenir. "Tous attendent dans les prochains jours lettres de licenciements et soldes de tout compte, poursuit-il. Pour certains, il va falloir retrouver du travail, refaire des formations. Cela ne va pas être simple."
Mettre en sécurité le site d'ici le 31 mai
La veille, la poignée de salariés présents à Orléans avait refusé l’accord trouvé jeudi dernier avec la direction. Le groupe Axynthis, propriétaire du site à Calais, demandait à ce que de nouveaux produits soient fabriqués pour honorer les commandes en cours. Au terme de négociations engagées mardi soir, les deux parties s’étaient finalement entendues sur une poursuite de l’activité jusqu’au 31 mai, "et un chiffre d’affaires de 1,675 millions d’euros à atteindre d’ici la fermeture de l’usine", assure la CFDT. En contrepartie, les 114 salariés se verront verser une prime Covid, une prime de 6000 euros net, ainsi que le paiement des RTT et congés payés.
Et maintenant ? Une fois fermé, le site classé Seveso seuil haut (avec de grandes quantités de substances dangereuses), doit être mis en sécurité. "Il faut vider les appareils, purger tous les réseaux d’eau, tout décontaminer", précise Yoann Delattre.
Spécialisée dans la production de molécules très recherchées sur le marché pharmaceutique, l’usine Synthexim est la seule en Europe à produire des amphétamines et notamment le Disulfirame, un médicament pour traiter l’alcoolisme, "en rupture de stock dans les pharmacies", assurent les syndicats. Une information que la direction tient à nuancer : "Les amphétamines produites essentiellement dans cette usine ne sont en réalité que des produits intermédiaires, ce ne sont pas des molécules actives. Il n’y a pas d’impact sanitaire identifié à ce jour ni de rupture de médicaments à prévoir sur le marché."
La fermeture d'une usine, ce n'est jamais une bonne nouvelle
La direction de l'usine Synthexim
Autrefois Calaire Chimie, l’usine avait été rachetée par la maison mère Orgapharm en 2013 suite à son placement en liquidation judiciaire. Depuis, le groupe dit avoir investi et perdu plus de 25 millions d’euros et subi des difficultés extérieures comme la crise migratoire, la Covid et le doublement des prix de l’énergie.
Malgré un carnet de commandes fourni et de nombreux rendez-vous pris ces derniers mois avec une dizaine de groupes industriels ou de chimie fine, aucune offre de reprise n’a été déposée. Le groupe promet de mettre en place des postes de reclassement pour les salariés : au sein du groupe, mais aussi dans d’autres groupes de chimie fine à Dunkerque ou Calais. "La fermeture d'une usine, ce n'est jamais une bonne nouvelle", nous confie la direction, qui se félicite toutefois qu’un accord a pu être trouvé avec le personnel.