La rupture d'un bassin de décantation de Tereos, en avril, à Escaudoeuvres a créé une pollution sans précédent dans l'Escaut, entraînant la mort de milliers de poissons, jusqu'en Belgique. Les autorités belges ont dénoncé le manque de réactivité de la France. Ce matin, le préfet leur a répondu.
La pollution organique , a priori générée par la rupture d'un bassin de décantation de Tereos dans le Cambrésis, n'a pas fini de faire parler. Les autorités belges ont dénoncé une "négligence" des autorités françaises. Le préfet leur a répondu ce matin lors d'une conférence de presse, déplorant qu'un terme aussi "inapproprié" ait pu être utilisé.
Il a rappelé que l'Etat français n'est pas responsable de cette digue qui a cédé, déversant 100 000 m3 d'eau de lavage de betteraves mais qu'il s'agit de la propriété d'une structure privée : Tereos, propriétaire de 30ha de bassins de décantation à Escaudeoeuvres. "Il n'y a eu aucune négligence des autorités françaises (...). Il y a une entreprise qui, clairement, a des comptes à rendre aux autorités et à la justice. Ce n'est pas l'Etat français qui a rompu les digues, ne nous trompons pas de cible" a-t-il déclaré dans une interview.
Toutefois, il a reconnu que la France a sous-estimé l’impact de la pollution, c'est pourquoi l'Etat n'a pas alerté la Belgique et la Commission internationale de l'Escaut.
Selon lui, la lenteur de réaction pour cette pollution survenue début avril, provient aussi du fait qu'avec le confinement, les joggeurs et les pêcheurs n'ont pas pu donner l'alerte plus tôt.
Les Belges ont dit vouloir porter plainte contre la France, qui n'a pas donné l'alerte à temps. Des milliers de poissons de l'Escaut sont morts. La grande quantité de matières organiques déversées a fait monter le niveau de nitrates et d'ammoniac dans l'eau, asphyxiant la végétation, les insectes, tous les organismes vivants. La région wallonne parle d'une "catastrophe environementale".
Le principe du "pollueur-payeur" pourrait valoir à Tereos une amende allant jusqu'à 1 million d'euros "et ce uniquement en Wallonie", selon la région.
Le parquet de Cambrai en France a indiqué avoir ouvert une enquête judiciaire pour déterminer précisément les conséquences de la rupture de la digue, car les poissons morts "ne sont que les parties visibles de la pollution".