Depuis le 20 mars, des salariés de Vertbaudet sont en grève pour demander une revalorisation de leurs salaires. Alors que le conflit social s'enlise, Vertbaudet est accusé par la CGT d'avoir fait appel à des intérimaires pour casser la grève. L'inspection du travail est arrivée aux mêmes conclusions.
"Le droit de grève est un droit institutionnel, c'est une infraction très grave, et c'est crapuleux. Visiblement, on est face à des dirigeants qui se croient tout-puissants" réagit Samuel Meegens, un des dirigeants de l'union locale CGT de Tourcoing.
Le 7 avril, dans une communication adressée aux représentants syndicaux et aux dirigeants, l'inspection du travail du Nord estime que l'entreprise Vertbaudet a illégalement eu recours à des intérimaires pendant un mouvement de grève du personnel.
84 intérimaires pour remplacer les grévistes
Depuis le 20 mars, environ 40% des effectifs du site Vertbaudet de Marquette-lez-Lille sont en grève pour demander une revalorisation des salaires. Payés au SMIC ou légèrement au-dessus, les grévistes demandent une augmentation pérenne pour faire face à l'inflation.
Dans le courrier que France 3 a pu consulter, l'inspection du travail constate que "pour la période du 27 au 31 mars 2023, 43 salariés intérimaires étaient en poste avant le début du conflit ; 84 intérimaires ont été recrutés pour remplacer 82 grévistes."
L'embauche de travailleurs intérimaires suite à un accroissement temporaire d’activité n’est pas permis dès lors qu’une grève a lieu ; de même que le droit de grève est un droit constitutionnel.
Inspection du travail
Cette interdiction est également définie à l'article L.1242-6 du code du travail, qui dispose : "Il est interdit de conclure un contrat de travail à durée déterminée pour remplacer un salarié dont le contrat de travail est suspendu à la suite d'un conflit collectif de travail".
"On a voulu masquer ce recours aux intérimaires"
L'inspection du travail constate également que Vertbaudet a remis, dans ses pièces justificatives, un registre du personnel incomplet. Celui-ci ne recense que les salariés en CDI alors que les travailleurs intérimaires sont également censés y figurer.
"On a voulu masquer ce recours aux intérimaires, ce n'est pas un mystère pour nous. Au 19ème siècle, avant même qu'on ait un code du travail, c'était extrêmement mal vu de faire appel aux "briseurs de grève". A l'époque des grèves textiles à Tourcoing, les patrons faisaient venir des Belges. Ce qui nous amuse, c'est qu'aujourd'hui, les belges sont de notre côté autour des piquets de grève" ironise Samuel Meegens.
Toujours selon l'inspection du travail, ces deux "infractions" ont fait l'objet d'un procès-verbal transmis au Procureur de la République.
Vertbaudet nie toute infraction
Contactée par France 3 Hauts-de-France, l'enseigne Vertbaudet "confirme avoir reçu une notification de la part de l'inspection du travail concernant le recours aux travailleurs intérimaires dans l'entrepôt de Marquette et attend la réception du procès-verbal définitif. La direction compte contester les faits devant le Procureur, preuves à l'appui, et réaffirme son respect de la législation française."
Des négociations sont par ailleurs en cours avec les syndicats majoritaires concernant les revendications des grévistes. La direction de Vertbaudet propose la mise en place d'une heure supplémentaire travaillée par jour sur la base du volontariat.
La CGT estimait de son côté, ce 11 avril, que la direction manifestait un "mépris total" envers les salariés. Les grévistes sont prêts à poursuivre le mouvement pour cette quatrième semaine.