Vertbaudet : visite de Sophie Binet la nouvelle patronne de la CGT, tensions entre les salariés.

En grève depuis 4 semaines, les salariés de Vertbaudet ne veulent rien lâcher et réclament toujours des augmentations de salaires. Le conflit s'enlise et la situation se tend de plus en plus entre les grévistes d'un coté et la direction soutenue par les non grévistes, de l'autre.

Depuis le début du conflit, grévistes et non grévistes s'affrontent verbalement, s'invectivent, il y a aujourd'hui deux camps qui se font face au sein l'entreprise. La tension est encore montée d'un cran ce matin, alors que la secrétaire générale de la CGT effectuait son premier déplacement dans la région, pour soutenir les grévistes de Verbaudet. 

Au moment où notre équipe de journalistes, caméra au poing, était invitée à rencontrer les salariés non grévistes à l'intérieur de l'entreprise, les grévistes ont forcé le passage pour s'engouffrer dans les ateliers de travail.

Deux camps qui s'affrontent 

Chahut, bousculades, sirènes hurlantes de mégaphones, les non grévistes tentent d'empêcher les grévistes de pénétrer dans les locaux. Dans la confusion, certaines ouvrières non grévistes finissent par craquer, larmes aux yeux. Il faudra attendre de longues minutes et une intervention de la police appelée en renfort, pour que le cortège de grévistes quitte les lieux, sous les yeux interloqués des salariés à leur poste de travail.

Intimidations et violences 

Caroline Binot, emballeuse depuis 22 ans et non gréviste, raconte comment la violence s'est immiscée au sein de l'entreprise depuis le début du conflit. 

"J'ai vu au fil des semaines la violence monter, comme mardi dernier où des membres de la CGT  extérieurs à l'entreprise, sont entrés de force avec des enfants en s'en servant comme boucliers face aux policiers présents dans les ateliers"

Caroline Binot, emballeuse depuis 20 ans chez Vertbaudet

, explique la salariée encore sous le choc.

Un soutien attendu 

Pourtant en début de matinée, l'ambiance était bon enfant, les grévistes accueillant Sophie Binet avec des chants partisans. Pour son premier déplacement dans le Nord, la patronne de la CGT était venue défendre la cause des grévistes, majoritairement des femmes." Je suis venue vous apporter toute la solidarité de la CGT parce que votre combat est emblématique de ce qu'il se passe dans le pays sur la situation des salaires", et d'ajouter que le refus du patron de Verbaudet d'augmenter les salaires est à l'image de ce qui se passe dans toutes les entreprises du pays.

Pour Manon Ovion déléguée CGT, la venue de Sophie Binet a redonné un nouveau souffle à la grève commencée il y a tout juste un mois 

"Cela fait du bien de se sentir encore plus soutenue aujourd'hui, d'autant que nous sommes majoritairement des femmes en grève depuis le début du conflit, et le fait que ce soit une femme qui prend la parole pour nous, ça nous met du baume au cœur, ça nous motive encore plus", explique Manon Ovion.

Dans cet entrepôt, il y 84 femmes dont 60 sont grévistes, et beaucoup d'entre elles ne touchent plus de salaire depuis le début du conflit.

"Nous vivons à découvert et ici il y a beaucoup de femmes qui sont seules avec des enfants à charge. Le 15 du mois il n'y a déjà plus rien. On ne demande pas à faire 20 h de plus par mois, comme le propose la direction, parce que le travail est déjà pénible."

Manon Ovion, Déléguée CGT chez Vertbaudet

"Ici, les femmes ne tiennent pas 7H00, il y a un taux d'absentéisme important et beaucoup de maladies professionnelles. Comment la direction peut-elle nous proposer de travailler plus pour gagner plus dans ces conditions" ajoute, en colère, la déléguée CGT.

"Patron voyou"

Avant de quitter l'entrepôt de Marquette-lez-Lille, Sophie Binet a fustigé le patron de Vertbaudet, "patron voyou " selon elle. "Au lieu de négocier, sachant que la quasi totalité des ouvrières sont en grève, ce patron voyou embauche des intérimaires pour remplacer des salariés grévistes depuis 4 semaines.", ajoutant, "en tant que femme, en tant que féministe, on ne peut pas acheter à un patron voyou. Je lance donc un appel à toutes les mamans pour qu'elles boycottent Vertbaudet, tant que cette entreprise n'aura pas ouvert de véritables négociations sur les salaires", a terminé la patronne de la CGT.

De son coté la direction reste sur sa position : elle à signé un protocole d'accord sur les salaires avec FO et la CFTC en mars dernier et ne réouvrira pas de nouvelles négociations.

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