Témoignages. "La reconnaissance du temps passé sur les terrains", le Stade Villeneuvois a placé huit joueuses sous contrat cette saison

Publié le Écrit par Baptiste Mezerette

C'est une première dans le championnat de France de rugby féminin. Le club de Villeneuve d'Ascq a mis en place des "CDD sportifs" d'un an renouvelable, avec un salaire de 550 euros mensuel. Pour les joueuses concernées, qui mènent études ou travail à côté, ces contrats offrent "sérénité" et "reconnaissance".

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C'est une première dans le championnat français de rugby féminin. Cette saison, le Stade Villeneuvois a proposé un contrat de travail à huit de ses joueuses. Un salaire mensuel de 550 euros leur est versé, provenant de partenaires privés de la région. Il offre une reconnaissance à ses sportives, alors que seules les internationales sous contrat avec la fédération étaient jusqu'ici professionnelles.

Les dirigeants de Villeneuve d'Ascq souhaitent d'ici deux ans étendre ces "CDD sportifs" à l'ensemble de l'effectif senior qui évolue en "élite 1", soit le plus haut niveau. Une question d'égalité des genres. "On veut changer la place des femmes dans le sport", revendique Laura Di Muzio, la présidente du club. 

Camille Favre, étudiante : "avec ce contrat, j'ai une sécurité pour continuer mes études"

Comment allier études et sport de haut niveau ? Le Stade Villeneuvois a peut-être trouvé la martingale. Depuis cette saison, Camille Favre, 22 ans, en école d'ébénisterie à Tournai, a l'esprit un peu plus léger avec son "CDD sportif" et ses 550 euros par mois. "Sans ce contrat, j’aurais peut-être arrêté mes études pour travailler et soulager mes parents financièrement."

Jusqu'ici, malgré l'aide de sa famille, elle exerçait des petits jobs étudiants. Ce qui n'est pas forcément évident quand l'emploi du temps est déjà bien chargé, avec quatre jours de cours (de 8h30 à 16h30) et quatre entraînements par semaine (de 18h à 21h). "C'était beaucoup de fatigue, mais grâce à ce contrat j'ai arrêté, explique-t-elle. Ça m'a apporté de la sérénité."

Cette Franc-comtoise d'origine a débuté le rugby à Morteau à l'âge de 5 ans, dans un cercle familial tourné vers l'ovalie. Petite, elle n'avait que des "modèles de joueurs masculins", par faute de médiatisation des féminines. Alors elle prend exemple sur Thierry Dussautoire ou bien Frédéric Michalak... Avant de s'envoler au pôle espoir d'Haubourdin dans le Nord. Cela fait maintenant cinq ans qu'elle joue en élite 1 avec le Stade Villeneuvois.

Ce contrat est tombé comme une "surprise" pour cette étudiante. "Quand j’étais petite, il n'y avait pas de femmes professionnelles donc j’imaginais que cela m'arrive", dit-elle. Aujourd'hui, elle souhaite que ce statut de semi-professionnel soit repris par les autres clubs de France. "Il faut que ça lance un mouvement national, que toutes les filles en France puissent bénéficier de notre statut."

Mélanie Ajavon, assistante sociale : "s'entrainer plus, mieux se reposer"

Pour la joueuse centre du Stade Villeneuvois, ce contrat semi-professionnel n'offre pas seulement un confort financier. C'est également, et surtout, "la reconnaissance que les femmes peuvent pratiquer un sport à haut niveau et qu'elles peuvent s'y investir au quotidien". Qu'elles aussi, comme les hommes, ont fait des sacrifices pour en arriver là. À savoir en élite 1.

Cela fait neuf ans que Mélanie Ajavon joue pour le club nordiste. Neuf ans qu'elle mène un train de vie à "10.000 à l'heure" pour faire entrer dans son quotidien, son travail et ses entraînements. "Cela nécessite une organisation minutieuse", assure cette assistante sociale, âgée de 33 ans, dans une association de Villeneuve d'Ascq.

"C’est un signe de la part du club pour fidéliser ses joueuses présentes depuis de nombreuses années."

Mélanie Ajavon, joueuse du Stade Villeneuvois sous contrat

Si ce n'est pas son cas, le salaire de 550 euros mensuel peut donner la possibilité aux joueuses de passer à temps partiel dans leur métier et se libérer de la disponibilité. "Je pense qu’à termes ça pourra hausser notre niveau de jeu, car on pourra s’entraîner plus et se reposer mieux", avance-t-elle. D'un point de vu pécunier, le salaire permet aussi de "couvrir les frais que notre pratique engendre". Exemples : achat de crampons, abonnement salle de musculation.

"C’est un signe de la part du club pour fidéliser ses joueuses présentes depuis de nombreuses années, dit-elle. C’est important de les remercier." Et un gain d'attractivité auprès des futurs talents ? "Oui ça peut permettre d’attirer de nouvelles joueuses je pense."

Léa Gallet, assistante d'éducation : "la reconnaissance du temps passé sur les terrains"

Joueuse du Stade Villeneuvois depuis huit ans, capitaine depuis trois, Léa Gallet dédie une grande partie de sa vie à l'ovalie. "Ce contrat, c'est la reconnaissance du temps passé sur les terrains", savoure aujourd'hui cette Lilloise de 23 ans. La reconnaissance des "sacrifices" consentis depuis l'adolescence pour arriver au haut niveau. "Je suis parti de chez moi à 14 ans pour entrer au pôle espoir. J'ai loupé de nombreuses fêtes de famille, d'anniversaires etc."

Selon elle, c'est une juste avancée à replacer dans son contexte. "La professionnalisation du rugby féminin en France est en retard, comparé au football, au basket ou au handball, précise-t-elle. A l'avenir, on aimerait que notre situation tende comme les joueurs de top 14, avec une préparation mentale, des kinés à disposition, une préparation physique et accompagnement encore plus poussés."

Cela étant, ce nouveau statut est de bon augure pour la féminisation de son sport. Celle qui est assistante d'éducation en internat et externat au pôle espoir d'Haubourdin observe une forme d'"admiration" chez les joueuses cadettes dont elle s'occupe. "Elles nous voyaient déjà comme des grandes mais là on est mis sur un piédestal j'ai l'impression." Telles des pionnières de leur discipline.

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