Le Nord et le Pas-de-Calais sont en dernière position d'une étude révélée par France Stratégie, qui a étudié le niveau de vie des enfants d'ouvriers et d'employés à l'âge adulte.
Les personnes issues de familles modestes ont nettement plus de risques d'avoir un faible niveau de vie à l'âge adulte si elles ont grandi dans le Nord ou le Pas-de-Calais, révèle une étude publiée par France Stratégie, une institution rattachée au Premier ministre.
? Certaines #régions offrent aux enfants d’origine modeste qui y ont grandi des perspectives de #revenus plus favorables qu’aux résidents de ces #territoires. Lesquelles ? Réponse avec notre nouvelle note d'analyse ? https://t.co/O4CyGLib5E pic.twitter.com/HVzWJ5RCXq
— France Stratégie (@Strategie_Gouv) June 12, 2020
Le Nord et le Pas-de-Calais en mauvaise position
En dernière place de ce classement, le Nord et le Pas-de-Calais, réunis dans l'étude, qui se base sur les anciennes régions.
En effet, un enfant d'ouvrier ou d'employé ayant passé son adolescence dans la région a un niveau de vie médian de 1 474 euros à l'âge adulte, contre 1 730 euros en Île-de-France.
Parmi les cas étudiés dans l'ancienne région Nord-Pas-de-Calais, 17 % d'entre eux ont quitté la région à l'âge adulte, et seulement 28 % ont un diplôme de l'enseignement supérieur, alors qu'en Bretagne ou en Île-de-France, ce taux atteint 35 %.
Pour arriver à ce résultat, les deux économistes ont étudié des données statistiques concernant 80 000 personnes, enfant d'ouvriers ou d'employés, nés entre 1970 et 1988.
Ils ont croisé le niveau de vie actuel de ces personnes avec le lieu où elles ont passé leur adolescence, qu'elles y habitent toujours ou pas.
Résultat : les "perspectives de revenus à l'âge adulte augmentent avec le niveau de richesse du territoire d'origine".
Des territoires localisés au nord et au sud de la France
Les territoires en difficulté sont "concentrés au nord et au sud du pays" : l'ancienne région Nord-Pas-de-Calais ou encore l'ancien Languedoc-Roussillon sont particulièrement évoqués, mais aussi la Corse, l'Aisne, les Ardennes, le Var et le Vaucluse.
Une étude par ville a également été faite. Les personnes ayant grandi à Douai, Lens, Calais, Valenciennes, Béthune ou encore Lille ont un niveau de vie médian entre 1 400 et 1 500 euros. Un chiffre qui contraste avec les 1 700 euros des villes de la région parisienne.
L'immobilité des non-diplômés, un facteur aggravant
Ces disparités s'expliquent par les différences de richesse entre régions et aussi par le fait que, partout, les ménages modestes sont nettement moins mobiles que les familles aisées.
Or, "ce qui distingue vraiment les régions à faibles perspectives de niveau de vie des autres, c'est le niveau de vie très faible des non-diplômés du supérieur qui n'ont pas émigré" dans d'autres régions, observent les auteurs.
Le niveau de vie médian d'un enfant d'ouvrier ou d'employé dans le Nord-Pas-de-Calais tombe à 1 313 euros dès lors que celui-ci n'a pas de diplôme dans l'enseignement supérieur et vit toujours dans la région.
La nécessité de créer la mobilité
Pour tenter de résorber ces disparités, les pouvoirs publics devraient donc réfléchir à des "incitations à la mobilité" pour aider certains ménages à "rejoindre des régions à meilleure perspective d'emploi", suggèrent Clément Dherbécourt et Gustave Kenedi.
Ils rappellent toutefois que changer de région peut avoir un "coût important sur le bien-être des individus".
Ils encouragent à privilégier des "incitations socio-fiscales à la relocalisation de postes de travail de qualité", mais aussi d'y développer des emplois publics.