Pour la toute première fois, une caméra est autorisée à pénétrer dans le Centre national d'évaluation de Sequedin. Cet établissement doit évaluer la dangerosité des détenus et apprécier s'ils sont prêts à être remis en liberté, le tout pendant une période de six semaines.
C'est la première fois que des caméras sont autorisées à pénétrer dans le Centre national d'évaluation de Sequedin (CNE) pour y réaliser un reportage. Une partie de l'établissement pénitentiaire du Nord est dédiée aux détenus qui espèrent obtenir une libération conditionnelle. Une procédure souvent mal connue du grand public. Qui décide de cette remise en liberté ? Quels sont les critères à remplir ? Combien de temps dure le processus d'évaluation ?
Tous les détenus qui passent par le CNE purgent une très longue peine et espèrent obtenir une libération conditionnelle. Ce sont des criminels, des braqueurs, des violeurs. Dans cet établissement pénitentiaire, en apparence comme tous les autres, la justice se demande s'ils sont réinsérables. "On ne les connaît pas [...], on a 6 semaines avec eux pour les découvrir et évaluer la dangerosité dans le cadre d'un aménagement de peine" explique Thierry Hibon, lieutenant surveillant.
Là-bas, outre les activités habituelles comme la promenade ou le sport, les détenus sont soumis à une série d'entretiens psychologiques . "Mon travail ce n'est pas de dire oui ou non, raconte Agathe Cartagnie, une des cinq psychologues criminologues du CNE. Il faut évoquer les ressources internes de la personne et ce qu'elle a fait en terme d'analyse et de recul pour pouvoir dire : aujourd'hui elle en est là".
Evaluer le risque de récidive
De nombreux détenus ont passé la majeure partie de leur vie en prison. L'un d'entre eux, incarcéré depuis 16 ans, a fait "le tour de France" en raison de nombreux transferts : Lyon, Saint-Paul, Saint-Joseph, Moulin-Yzeures, Le Pompay, Saint-Quentin Fallavier... "Quand t'arrives ici, t'es un peu stressé, reconnaît-il. On se demande si ça va bien se passer."
Pendant six semaines, des entretiens ont lieu, le personnel observe l'attitude du détenu envers les surveillants mais aussi ses co-détenus, ainsi que son comportement. Puis l'équipe du CNE rend son verdict à l'occasion d'une commission. Il s'agit surtout de mesurer le risque de récidive. Sur plus de 600 personnes évaluées depuis 2012, le CNE a estimé que la moitié présentait encore un risque trop élevé. Toutefois, son avis n'est que consultatif, c'est au juge d'application des peines de décider ou non d'une remise en liberté.