Depuis la rentrée, l'école d'Ostreville se voit contrainte de regrouper les élèves de maternelle dans la même classe, de la très petite à la grande section. En tout, 34 enfants sont encadrés par une seule institutrice et son ATSEM. Le maire du village et les parents d'élèves tentent de s'organiser
Une institutrice pour 34 élèves, cela ne paraît pas gérable. Pourtant c'est bien ce qui se passe à Ostreville. Dans ce regroupement pédagogique intercommunal (RPI), une classe a été fermée au retour des grandes vacances et les quatre sections de maternelle ont été regroupées. Pour s'occuper des enfants, une seule institutrice et une ATSEM (agent territorial spécialisé en école maternelle, qui assiste le professeur dans l'organisation des activités au sein de l'école). Une situation qui désespère Anthony Pruvost, le maire de la commune.Je ne veux pas que nos enfants soient des marchandises que l'on compte
"Ce n'est pas avec une classe de 34 qu'ils vont pouvoir travailler dans de bonnes conditions", explique-t-il. Le comptage des élèves demandé par l'inspection académique, qui justifie l'ouverture ou la fermeture des classes, n'a finalement pas pris en compte des enfants de deux ans. Résultat des courses, le RPI n'atteint plus le quota nécessaire et la seconde classe, ouverte en 2008, est désormais fermée.
L'édile ne veut pas que les enfants de son école soient considérés comme "des marchandises que l'on compte". Il est soutenu dans sa démarche par les autres maires concernés par le RPI, comme Nadine Brunet, maire de Marquay.
Une décision en contradiction avec l'annonce du président ?
Pour le maire, la situation est incompréhensible : "Emmanuel Macron avait annoncé cet été qu'il n'y aurait pas de fermeture de classes en milieu rural. Si l'inspection ne respecte même pas ce que dit le président, où allons-nous ?" Lors de sa conférence des territoires, le 17 juillet, le président de la République avait bien annoncé que "les territoires [...] ruraux ne peuvent plus être la variable d'ajustement d'économie, c'est pourquoi [...]il n'y aura plus de fermeture de classes", avant d'ajouter que son annonce concernait uniquement les écoles primaires.
L'enjeu est important pour Anthony Pruvost. Ostreville est une petite commune, dans laquelle il n'y a "plus de café, ni de messe". L'école est donc un point central du village : "Si les parents commencent à retirer leurs enfants en raison des conditions d'enseignements à l'école, c'est de la vie en moins à Ostreville."
Des parents d'élèves mécontents
Côté parents justement, c'est l'inquiétude monte. "Je ne vois pas comment on peut s'occuper de 34 enfants, c'est beaucoup trop", affirme Sandrine Benoît. "Depuis la rentrée, mon fils ne veut pas aller à l'école. Il y a trop de bruit dans les classes, ce ne sont pas des bonnes conditions pour apprendre", ajoute-t-elle. Ludivine Bocquet, la mère d'un autre élève ne veut pas changer son fils d'établissement, pour l'instant : "En revanche, je me poserai la question quand il sera en moyenne ou en grande section. Le suivi est très important dans ces classes-là."
Une réunion a été organisée vendredi afin de chercher des solutions car "l'an prochain, l'école devrait accueillir 39 enfants, c'est intenable pour l'institutrice, et même en terme de sécurité".