Calais: 3 mois après le démantèlement de la "Jungle", le retour des migrants inquiète les associations

Trois mois après le démantèlement de la "Jungle", les migrants commencent à revenir vers Calais, à la grande inquiétude des associations qui seront reçues lundi par les ministres de l'Intérieur et du Logement, Bruno Le Roux et Emmanuelle Cosse.

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"La population s'est remise à augmenter depuis le 1er janvier", assure Jean-Claude Lenoir de l'association Salam, selon qui ce ne sont "pas des chiffres faramineux, on rencontre entre 150 et 200 personnes par jour". Mais "ils dorment sous les ponts, dans les buissons... Par -9 degrés ressentis, c'est un scandale et une catastrophe", estime cette figure de l'aide aux migrants dans le Calaisis. "Il est temps que le gouvernement fasse quelque chose !".

Une réunion - la première depuis le démantèlement fin octobre du vaste bidonville avec la mise à l'abri de plus de 7 000 personnes - est organisée lundi au ministère du Logement, sous la houlette d'Emmanuelle Cosse et de Bruno Le Roux, à laquelle ont été invités les principales associations de terrain mais aussi des représentants du logement social, du Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés... Au programme selon l'invitation: situation dans le Calaisis, Centres d'accueil et d'orientation (CAO), examen des dispositifs "nécessaires et spécifiques" dans les Hauts-de-France.

Reportage d'Anaïs Hanquet et Frédérik Giltay.

"Rien de prévu"

"Cela fait des mois qu'on n'a pas eu de réunion, on va devoir aborder un grand nombre de points qu'il aurait fallu traiter au fil de l'eau", soupire Frédéric Amiel d'Emmaüs. L'accueil sur place figure en haut de l'agenda des associations, qui comptent rappeler la promesse de créer "des dispositifs de prise en charge des migrants qui reviendraient à Calais", prononcée début novembre par Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur. Sur ce dernier point, "il est aberrant d'avoir fait l'impasse sur le dispositif d'accueil d'urgence", estime M. Lenoir. "On attend toujours. Il n'y a rien. Les réunions qu'on a pu avoir avec la préfète et le sous-préfet nous laissent craindre qu'il n'est rien prévu de faire pour loger les migrants à Calais", s'inquiète Christian Salomé de l'Auberge des migrants.

Du côté de la préfecture, on souligne que les services de l'Etat "n'ont pas constaté la création de nouveaux camps ou de squats dans le Calaisis" et "restent vigilants" pour lutter contre les passeurs. Les associations attendent également lundi pour en savoir plus sur le rapport commandé par les pouvoirs publics à deux médiateurs, Jean Aribaud et Jérôme Vignon, et dont les premières recommandations en juin 2015 avaient largement inspiré l'action publique sur la "Lande". Le gros morceau, pour elles, est d'avancer sur l'accueil à Calais. "Il y a des conteneurs encore sur place, on peut redémarrer en très peu de temps", souligne M. Salomé. A la Cimade, on fait valoir qu'"il n'est déjà plus possible de demander l'asile dans le Pas-de-Calais, depuis la fermeture du guichet unique" à Calais. M. Lenoir évoque pour sa part un dispositif par sas successifs, avec un centre d'urgence de 150 à 200 places à Calais, des structures temporaires plus éloignées, et enfin les CAO. Et "il faut recruter des travailleurs sociaux" pour organiser des maraudes, dit-il.

La crainte d'un nouveau "point de fixation"

Une demande sans doute difficile à faire passer. "Si on rouvre, on crée un point de fixation", tranche un bon connaisseur du dossier. Bernard Cazeneuve, aujourd'hui Premier ministre, l'avait martelé en novembre: le démantèlement est "définitif", l'intention était d'"éviter toute réinstallation de campement ou de squat". "On comprend les raisons politiques mais la nécessité humanitaire est de mettre les gens à l'abri", souligne M. Amiel d'Emmaüs, pour qui "la réalité, c'est que les gens continuent à vouloir passer en Grande-Bretagne".

Au-delà de Calais, les associations s'inquiètent de l'avenir des CAO dont "on ne sait pas ce qu'ils vont devenir", note M. Amiel. "On espère des propositions lundi." Autre sujets d'inquiétude, la situation à Vintimille, les mineurs, tentés de revenir vers Calais, ou encore le sort des migrants dans les CAO, au regard de la promesse faite par Bernard Cazeneuve de ne pas expulser de force ceux qui ont laissé leurs empreintes ailleurs en Europe.

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