Un militant No Border a été condamné lundi à un mois de sursis par le tribunal de Boulogne-sur-Mer pour "refus de signalement", mais relaxé pour les accusations de participation aux heurts contre la police mi-novembre dans la "jungle" de Calais.
A l'énoncé du jugement, la trentaine d'activistes No Border présents, essentiellement des jeunes âgés d'une vingtaine d'années, ont applaudi, sous le regard d'une dizaine de policiers présents. "La justice a fait son travail, elle a rétabli les trucs qui étaient vrais mais elle m'a quand même condamné à un mois de sursis afin de ne me pas me laisser libre complètement, pour rappeler qu'on n'aime pas trop les No Border", a déclaré Aurélien B., 20 ans.
Son avocate, Me Marie-Hélène Calonne, a exprimé sa "satisfaction relative" car, selon elle, "il aurait pu aussi être relaxé sur les faits de refus de signalement", son client ayant, outre son opposition au relevé d'empreintes, refusé de se faire photographier et de donner son ADN lors de sa garde à vue. "Quelle belle nouvelle, on a voulu faire des No Border des boucs émissaires", estimait une autre militante italienne de ce mouvement qui lutte pour l'abolition des frontières.
Mi-novembre, trois nuits de heurts avaient secoué la "jungle" de Calais. Plusieurs centaines de grenades lacrymogènes ont été tirées par les forces de l'ordre en direction des migrants, qui étaient "poussés à l'émeute" par les militants No Border, selon le ministère de l'Intérieur.
"Je l'ai vu haranguer les migrants"
"Vous pouvez faire plaisir à la préfète, à Natacha Bouchart (la maire de Calais, ndlr) et au ministère de l'Intérieur, mais il (le prévenu) n'était pas présentsur place !", a lancé lors de sa plaidoirie Me Calonne. A la barre, le chef de service du commandement de nuit de la direction départementale de la sécurité publique du Pas-de-Calais a pourtant affirmé avoir formellement identifié le jeune militant. "Il a une chevelure et des lunettes caractéristiques", a-t-il expliqué, préférant que son nom ne soit pas mentionné. "Je l'ai vu haranguer les migrants, qui avaient une façon de faire différente car ils revenaient à l'assaut", après les jets de gaz lacrymogène, a-t-il dit.
Le procureur avait requis six mois avec sursis à l'encontre du jeune homme, originaire de Charente-maritimes, étudiant en sociologie ayant obtenu la mention très bien au bac et au casier judiciaire vierge. "Il est identifié de manière formelle. Je ne demande pas au tribunal de se prononcer sur le mouvement No Border (...) mais il y a des règles de vie en société", a dit Nathalie Bany.