La maire de Calais Natacha Bouchart (LR) a affirmé vendredi à l'AFP qu'après le vote des Britanniques, il fallait que "la frontière reparte en Angleterre", même si ce n'est "pas si simple", préconisant aussi l'ouverture d'un camp de migrants outre-Manche. Interview.
Après le vote des Britanniques, vous demandez la renégociation des accords du Touquet. On laisse partir les migrants en Grande- Bretagne, on ne les retient plus?
"Les accords du Touquet ne font pas partie de la négociation sur la sortie de l'UE, puisque c'est un accord franco-britannique. Par contre, les Britanniques ont voulu quitter l'UE, je le regrette mais je respecte. Ils doivent en assumer toutes les conséquences économiques et migratoires. Je demande au président de la République de profiter de cette sortie, pour l'utiliser en vue d'une renégociation. Et dire, pour simplifier : +Il faut que la frontière reparte en Angleterre.+ Mais l'important n'est pas là."
C'est quoi, l'important ?
"Ce n'est pas si simple de déplacer la frontière. On ne peut pas faire monter quelqu'un sur un ferry sans contrôler son identité au départ, donc il y aura forcément un contrôle sur le territoire français. On pourrait aussi se retrouver dans une situation avec en permanence des navettes de ferries qui prendront les migrants pour les emmener jusqu'à Douvres, où ils seront refusés, et ils reviendront à Calaispour repartir à Douvres. Il faut donc négocier avec les Britanniques pour qu'ils acceptent d'ouvrir un camp dans leur pays, traiter les situations chez eux et ne pas les faire traiter chez nous. Pour cela, il faut mettre des propositions sur la table."
Il y aurait des contreparties, côté français?
"Effectivement. Je ne sais pas lesquelles. Ca ne veut pas dire que l'on supprime tout à Calais. Il ne faut pas laisser croire aux populations qu'on va supprimer notre problème en déplaçant la frontière. Il faut un camp au Royaume-Uni. Il y aura un camp à Calais. Mais la zone nord de ce qu'on appelle +la Jungle+, à côté du camp humanitaire, ne devrait pas exister. D'ici là, il faut poursuivre le travail de protection de la rocade menant au port. Les autorités sont en train de préparer l'élévation d'un mur de 4 m sur 1 km. Si on ne poursuit pas, c'est nous Calaisiens qui en subissons les conséquences. On peut dire : s'il n'y a pas de protections, les passages se feront plus facilement, et que les Britanniques se débrouillent quand ils arrivent sur leur territoire ! Mais quelles seraient les conséquences? On ferme les yeux sur les migrants qui se trouvent dans les camions ? Après, c'est une question humanitaire."Propos recueillis par Thierry MASURE.