Manuel Valls a dit lundi son "immense reconnaissance" aux maires qui ont accepté d'accueillir des réfugiés après le démantèlement de la "Jungle" de Calais, en se rendant à Croisilles (Pas-de-Calais) où l'ouverture d'un centre a suscité en octobre un important mouvement d'opposition.
"Je veux dire l'immense reconnaissance du gouvernement envers les maires et les élus qui ont accepté de dédier des structures d'hébergement à l'accueil des réfugiés", a dit Manuel Valls lors d'une table ronde avec élus et associations, avant d'aller rencontrer les réfugiés. Le Premier ministre a souligné que la plupart des migrants de Calais étaient des "réfugiés" éligibles au droit d'asile et non des immigrés "économiques". "Vous avez raison de dire réfugiés car 70, 80, 90% de ces personnes auront droit à l'asile. Ce n'est pas de l'immigration économique, ce sont d'abord des réfugiés qui fuient la guerre et la torture", a-t-il insisté. S'il faut de "la pédagogie ou de la persévérance à l'égard de la population à qui l'on voudrait faire croire qu'elle "passerait derrière"" les migrants, et comprendre "les inquiétudes", il faut "refuser le désordre", a-t-il dit en référence au mouvement houleux qui a agité le petit bourg de 1 600 habitants en octobre.
"Solutions adaptées et temporaires"
"Les CAO sont des solutions adaptées et temporaires", a assuré le Premier ministre, même si la situation géopolitique au Moyen-Orient risque encore de se "dégrader" et que la Grèce et l'Italie font face à une "pression maximum". L'annonce de l'ouverture d'un "centre d'accueil et d'orientation" (CAO) dans une ancienne maison de retraite, où résident désormais une trentaine de Soudanais, avait suscité plusieurs manifestations devant la mairie, à l'initiative notamment du Front national et du groupe d'extrême-droite Génération Identitaire. Pendant près de dix jours, des rassemblements qui ont réuni usqu'à 200 personnes se sont tenus dans la petite ville. "C'étaient des gens de l'extérieur", alimentés "par les réseaux sociaux", a expliqué le maire, Gérard Dué, lui-même visé par des insultes et le passage de manifestants devant son domicile.
Reportage de Didier Pithon et Jean-Pascal Crinon.
Une poignée d'entre eux étaient tenus à l'écart de la mairie par les gendarmes lundi matin. Croisilles avait été sollicitée début octobre par la sous- préfecture, avant le démantèlement de la "Jungle" de Calais. Au terme d'une réunion houleuse, le conseil municipal avait dit oui au projet. Mais deux membres de la majorité municipale s'étaient abstenus et un troisième avait démissionné. Le 11 novembre, les réfugiés soudanais ont assisté avec les autorités aux cérémonies du souvenir de la Première Guerre mondiale.