Après avoir notamment bloqué l'enlèvement des ordures aujourd'hui dans l'Héninois, le secrétaire Force Ouvrière du Pas-de-Calais explique son point de vue sur la poursuite du mouvement contre la loi Travail, malgré le début de l'Euro de football en France dès demain.
Parmi les multiples actions contre la loi Travail organisées jeudi 9 juin, il y a eu la grève et le blocage au centre technique d'Hénin-Beaumont, qui a empêché les collectes d'ordures dans toute l'agglomération d'Hénin-Carvin. Le syndicat Force ouvrière était à la manoeuvre, derrière son secrétaire général du Pas-de-Calais, Dominique Léopold.
Une délégation syndicale a été reçue par le député-maire (PS) de Carvin, Philippe Kemel. "Il a acquiescé sur nos revendications", rapporte le syndicaliste. Quant à la loi El Kohmri : "il a tenté de faire bonne figure en disant qu'il avait déposé des amendements et que si certaines dispositions n'étaient pas prises, il ne la voterait pas", confie Dominique Leopold, pas convaincu néanmoins que le socialiste tiendra parole. Pour FO, de toute manière, concernant la loi Travail : "Le retrait est non-négociable."
Ce type de cadeau pour les 80 ans du Front populaire, qu'ils se le gardent. Quand je pars en congés, je sais à qui je le dois. Chaque soir, j'ai une pensée pour les militants de l'époque. Aujourd'hui, on ne se bat même plus pour obtenir des droits, mais pour ne pas en perdre.
"Le gouvernement doit réfléchir"
A la veille du début du championnat d'europe de football pour lequel la France accueille 23 nations, la poursuite des grèves et blocages pourrait ternir l'image du pays dans le monde et s'ajouter à la pression sécuritaire pour finir de gâcher la fête. Pourtant, les syndicats opposés à la loi Travail ne rendent pas les armes.
Dominique Léopold confirme : "Nous irons jusqu’au bout, Euro ou pas Euro. Il y aura d'autres actions. C’est trop facile d’arrêter parce qu’il y a l’Euro. C’est maintenant que le gouvernement doit réfléchir. Chacun ses responsabilités."
La loi Travail, un "retour au Moyen-Âge"
Mais pourquoi donc continuer à s'opposer à un texte objectivement vidé d'une grande partie de sa substance initiale ? (le Sénat - de droite - a re-modifié le projet dans un sens cette fois beaucoup plus libéral, mais cette tournure devrait être annulée dès le retour du texte à l'assemblée nationale) Réponse : l'article 2, toujours.
"L'inversion des normes est quelque de très grave, insiste Dominique Léopold. Les accords locaux prévaudront sur les accords de branche, donc dans chaque entreprise, ce sera le Moyen-Âge, le seigneur (le patronat) aura droit de vie ou de mort sur le salarié." Il concède que "oui, il y a eu des améliorations" depuis la première mouture présentée "sans dialogue social" par la ministre du Travail, mais il "faut voir d'où on partait !"
Défendre les syndicats
Avec cet article 2 - auquel François Hollande et Manuel Valls refusent de toucher - "les organisations syndicales n'auront plus rien à dire", craint Dominique Léopold. Le fait est qu'elles ne sont pas présentes dans nombre d'entreprises, alors qu'elles nécessairement sont parties prenantes des négociations au niveau de la branche.
Pourtant la CFDT soutient la loi. Une différence de point de vue qui génère manifestement de la rancoeur et exacerbe les concurrences. C'est sans doute une autre raison pour laquelle le conflit perdure.
D'ailleurs, lors de notre entretien, Dominique Léopold est plusieurs fois revenu sur la CFDT, regrettant qu'elle "accompagne le gouvernement", comme elle l'avait déjà fait "sur les retraites, c'est elle qui avait signé à blanc." Et le syndicaliste de souligner que chez les agents territoriaux d'Hénin-Carvin, c'est Force Ouvrière qui est majoritaire, et que lors de son action sur place ce matin, "des agents non-syndiqués ont apprécié notre démarche et vont rejoindre notre organisation."