Quatre migrants ont été mis en examen pour "homicide en raison de l'ethnie" à la suite d'une rixe lundi soir qui a coûté la vie à un migrant soudanais au camp de Norrent-Fontes (Pas-de-Calais), a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
Les quatre mis en cause, des Erythréens nés entre 1980 et 1995, "ont été mis en examen pour homicide en raison de la nation et de l'ethnie et écroués. Ils encourent quinze ans de réclusion criminelle", a indiqué le substitut du procureur de Béthune Julien Michel.
Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Béthune, également "du même chef d'homicide aggravé contre X et de non assistance à personne en péril", selon Julien Michel.
Plusieurs coup violents ont entraîné la mort
Dans ce camp regroupant entre 150 et 200 habitants, des violences avaient éclaté lundi vers 23h30 entre une cinquantaine de migrants soudanais et érythréens alcoolisés, avait rapporté la préfecture du Pas-de-Calais.Le corps d'un migrant avait été retrouvé à quelques centaines de mètres de ce camp, d'après la même source. "A priori, contrairement à ce qu'on pouvait penser au début, ce sont plusieurs coups violents qui auraient entraîné la mort, selon les premières conclusions de l'autopsie. Les personnes (mis en examen) semblaient imposer leur loi sur le camp
et la victime se serait rebellée", a indiqué Julien Michel.
Plusieurs associations ont refusé de qualifier les événements de "rixe interethniques" préférant le terme "d'agression caractérisée de quelques hommes contre un autre en situation de précarité".
Le migrant décédé "s'était accroché à plusieurs reprises avec les passeurs. Dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 octobre, les passeurs ont voulu lui faire payer cette insubordination et l'ont battu à mort", ont indiqué dans un communiqué commun huit associations, dont Terre d'Errance (principale association présente dans le camp).
Une ambiance tendue
Mi-octobre, la mairie de Norrent-Fontes et des propriétaires privés avaient été déboutés par le tribunal de grande instance de Béthune de leur demande d'évacuation d'un terrain où vivent des migrants dans des conditions précaires.Saisi en référé, le tribunal avait jugé que les requérants ne proposaient "aucune solution concrète et durable pour le relogement" des migrants aux abords de cette commune de 1 500 habitants. Selon la municipalité, le camp avait été installé pour une capacité de 30 personnes.
D'après le parquet de Béthune, il n'y pas eu "de nouveaux incidents" dans le camp depuis lundi soir mais l'ambiance y est "tendue".