À Beauvais, des détenues se libèrent le temps d'un spectacle de danse

Le 1er décembre, quatre femmes ont offert un spectacle à leurs co-détenus de la maison d'arrêt de Beauvais. Un moment de parole et de danse pour évoquer la condition féminine. Cette représentation est le fruit d'un travail mené avec un metteur en scène et une chorégraphe.

"Je suis enfin libre ! Libre de respirer et de penser. Je suis libre bordel de m...!" Cette liberté qu'elles crient est bien réelle, au moins pendant soixante minutes.

Un regard bienveillant sur leur sensibilité de femmes

Jeudi 1er décembre, quatre détenues ont proposé un spectacle sur la condition féminine mêlant musique, danse et théâtre à dix femmes et dix hommes, prisonniers, comme elles, de la maison d'arrêt de Beauvais. "Ça nous fait sortir, c'est beau à voir", confie un spectateur conquis.

"Le fait que cinquante personnes aient pu poser un regard ému, bienveillant, attentionné sur leur sensibilité de femmes, c'est énorme pour elles", affirme Vincent Ecrepont, metteur en scène, qui s'est impliqué avec la chorégraphe Frédérique Caillon-Christofani dans ce projet.

Je me suis sentie courageuse.

Une des quatre détenues

Au fil d'une dizaine de séances, ces quatre femmes, ont brisé les chaînes de leur timidité, comme le révèle l'une d'elle : "Je me suis sentie courageuse. Je me disais que je ne serais jamais capable de faire ça et en fin de compte, ça se fait petit à petit. Et à force, on prend on confiance en soi et ça se fait tout seul".

Pour les aider, la chorégraphe et le metteur en scène ont commencé par les appeler par leurs prénoms. Un détail pour le commun des mortels, mais pas en prison, où l'identité d'un détenu passe par le numéro d'écrou ou le patronyme : "Pour moi, ce sont des femmes, des danseuses, des actrices, des partenaires. Je ne les vois jamais comme des prisonnières. Ça fait partie du jeu au départ : je ne sais rien d'elles, par choix", explique Frédérique Caillon-Christofani.

Un travail d'écriture essentiel

La maison d'arrêt de Beauvais propose différentes activités aux détenus comme la gym-danse, le théâtre, la sophrologie ou encore parentalité pour favoriser leur réinsertion. Mais selon Corinne Alovor, cheffe de détention, l'écriture "permet aux femmes d'interroger leurs parcours. [Elles] y ont mis vraiment leurs tripes et beaucoup d'authenticité dans les textes. C'était un grand moment pour elles et je pense qu'elles s'en souviendront longtemps".

Leur évasion musicale ne changera pas radicalement leur quotidien, mais elle a constitué un instant précieux dans l'attente d'un procès ou d'une libération.

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