Dans l'Oise, une ânesse de 35 ans a été mutilée dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 septembre. Des individus lui ont coupé la quasi totalité de la queue. La psychose a envahi ce petit village près de Compiègne : les habitants ont décidé d'assurer eux-mêmes la protection de leurs bêtes.
"On l'a trouvée vers 10h30 dans la pâture. Elle était debout, la queue en sang. Elle mangeait, mais était un peu sauvage. Pas comme à son habitude. Mais le vétérinaire dit qu'elle a été traumatisée : couper la queue d'un âne, ça équivaut à arracher un muscle à un humain en terme de douleur. Elle est vieille. Je ne sais pas comment elle a pu supporter une douleur pareille. Ils lui ont coupé la queue sous la première vertèbre".Je ne sais pas comment elle a pu supporter une douleur pareille
Au téléphone, le propriétaire de cette ânesse raconte méthodiquement ce qui s'est passé dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 septembre dans ce petit village près de Compiègne dans l'Oise : "je ne préfère pas qu'on sache où on habite. Il y a pas mal de chevaux dans la commune. Je ne veux pas donner des idées à ces malades".
Voiture bélier
Gérant d'une entreprise de transport, il a installé une jument de 6 ans et son ânesse de 35 ans dans une pâture attenante à son entreprise. Et sait avec précisions comment les faits se sont déroulés grâce aux caméras de vidéosurveillance : celle qui est placée pour surveiller les camions a une portée de 110 mètres sur le pré des chevaux.
Ils se sont rabattus sur la pauvre ânesse qui est trop vieille pour se défendre et s'échapper
"À 3h07, on voit une voiture se garer devant la barrière. Elle repart et revient à 4h20. Elle repart à nouveau puis à 6h24, elle s'arrête une troisième fois devant la pâture probablement pour voir avec les phares où étaient les bêtes. Elle fait demi-tour, tous feux éteints, se gare en marche arrière devant la barrière et l'une des personnes descend pour couper la chaîne et le cadenas. La voiture repart à toute vitesse et là, 3 minutes chrono plus tard, à 6h33, un autre véhicule arrive également à toute vitesse et fait bélier dans la barrière. À partir de là, ils font du rodéo au milieu de ma jument et de mon ânesse. On voit sur les images qu'ils courent après la jument en voiture. Une personne descend du véhicule et essaye de l'attraper. On la voit s'affoler. Elle n'a pas dû se laisser faire. Alors, ils se sont rabattus sur la pauvre ânesse qui est trop vieille pour se défendre et s'échapper."
Je ne sais pas si elles sont plus en sécurité mais ça me rassure
Des rondes par les habitants
C'est le lendemain matin qu'il découvre la mutilation qu'a subie son ânesse : la queue coupée juste en dessous de la première vertèbre. Il a porté plainte auprès de la gendarmerie pour acte de barbarie envers un animal. Et a changé ses bêtes de pâture. "Je les enferme tous les soirs dans un box et je leur ouvre le matin. Je les ai mises ensemble parce que la jument fait 700 kilos, elle protège l'ânesse. Je ne sais pas si elles sont plus en sécurité, mais ça me rassure".
Cet acte a évidemment fait rapidement le tour de ce village - "la tension est montée en une journée" - qui compte de nombreux propriétaires privés de chevaux et un centre équestre. Au point qu'une réunion a été organisée au soir du lundi 14 septembre avec le maire et les gendarmes pour décider des mesures de sécurité à prendre. Des rondes des habitants sont prévues pour éviter qu'une telle chose ne se reproduise. "On a prévu d'autres mesures également, mais je ne vous en donnerai pas les détails".