La ville de Beauvais rend hommage aux différents corps de métiers mobilisés pendant la crise sanitaire. Sur la façade de l'hôtel de ville, les portraits de 16 hommes et femmes qui ont fait face au virus ces derniers mois sont affichés.
Inaugurée le 14 juillet, le jour de la fête nationale, comme un symbole, l'exposition baptisée "Courage et dévouement : Beauvais leur dit merci" ne passe pas inaperçue. Sur 8 bâches de 2,50 mètres sur 5, une vingtaine de visages sur 16 portraits photographiques sont déployés au niveau des fenêtres du 1er étage de l'hôtel de ville.Ces Beauvaisiens et Beauvaisiennes sont infirmières, caissiers, facteur, couturières bénévoles, agents en EHPAD, sapeurs pompiers, agents de collecte d'ordure ménagères... "Notre souhait à travers cette exposition est d'honorer toutes les personnes qui ont été en première ligne lors de la crise du coronavirus. Elle sera visible tout l'été", explique la Ville.
??Ce #14juillet, la ville de #Beauvais met à l’honneur les différents corps de métiers mobilisés pendant la crise sanitaire. Ces 16 portraits de héros du quotidien affichés sur la façade de l’hôtel de ville rendent hommage à leur #courage, leur #dévouement et leur #solidarité.? pic.twitter.com/36o5SD8LbD
— Caroline Cayeux (@carolinecayeux) July 14, 2020
Hommage à ces héros du quotidien
Chacun à leur manière, à travers l'exercice de leur profession, ils ont fait face au virus.C'est le cas du docteur Philippe Sebban dont le cabinet se trouve en centre-ville de Beauvais. "À chaque fois que je passe devant mon portrait en format XXL placardé sur la mairie, je suis toujours ému", nous dit-il avec humilité. "C'est aussi une fierté de représenter le corps médical qui a été en première ligne durant cette crise."
En mars, le docteur enchaîne les consultations avant d'être à son tour contaminé par le virus. "J'ai dû être hospitalisé trois jours, placé sous oxygène, perfusé, j'ai perdu 10 kilos", raconte-t-il. Sa rééducation pour retrouver une capacité respiratoire suffisante est longue et douloureuse. Il n'a pu reprendre ses consultations que le 3 mai dernier seulement. Aujourd'hui, en cas de deuxième vague, il se veut serein : "Nous avons appris du passé. Nous sommes préparés. À nous maintenant de respecter les gestes barrières, le port du masque est primordial."
Amina Konaté, couturière bénévole
Pendant le confinement, Amina Konaté, habitante du quartier Saint-Jean, n'a pas ménagé ses efforts. Elle fait partie de l'association Benkadi qui met en place des ateliers d'alphabétisation et de coutures pour les femmes du quartier Saint-Jean à Beauvais."Quand le virus est arrivé, l'association a voulu aider à sa manière. Pour nous confectionner des masques et les donner à ceux qui en avaient besoin était une évidence", nous explique Amina. Elle était loin de s'attendre à ce que son action soit mise à l'honneur de cette façon. "Mes copines, mes petits-enfants sont fiers de moi. Je suis très, très contente. Ça nous donne du courage pour continuer à avancer."
Agostinho Correia, un hôtelier au grand coeur
Durant la crise sanitaire, il a ouvert son hôtel gratuitement au personnel soignant de l'hôpital de Beauvais. "Au départ, il y avait une certaine appréhension, on ne connaissait pas trop la maladie, je portais une combinaison intégrale pour les accueillir, nettoyer les chambres, tout désinfecter", nous raconte Agostinho Correira.Médecins, infirmières venus de toute la France, certains sont restés plus de 8 semaines dans son établissement sans rentrer chez eux. "Des soirs, je les voyais arriver fatigués, parfois un peu perdus. Ils avaient besoin de parler, j'étais là pour les écouter. J'ai fait de belles rencontres, j'ai vécu des moments très forts. Certains sont devenus des amis."
Un début de polémique sur l'absence de policier
Sur les portraits, aucun policier n’apparaît. L’élu d’opposition Mehdi Rahoui a tenu à envoyer un mail à Caroline Cayeux, la maire de Beauvais. "J'ai été frappé de voir aucune photo d'agent de police municipale ou nationale" écrit Medhi Rahoui. "Je me permets donc de vous proposer de compléter le galerie de portraits de l'exposition en intégrant les policiers à cet hommage."La réponse de Caroline Cayeux ne s'est pas fait attendre. Elle défend son choix avec plusieurs arguments. D’abord la maire de Beauvais précise que les policiers municipaux apparaissent dans le film de remerciement diffusé sur les réseaux sociaux. La vidéo montre 100 portraits de Beauvaisiens, dont des policiers municipaux, en activité pendant la crise.
Elle expose aussi des contraintes techniques qui ne permettent d’afficher que 16 portraits sur la façade de la mairie. Enfin, Caroline Cayeux fait allusion aux violences policières dans l'actualité de ces derniers mois : "La police nationale était […] fortement mise en cause. Il a donc été répondu à notre sollicitation que compte tenu du contexte national, il n’était pas souhaitable d’exposer un portrait."
L'exposition durera jusqu'à la fin du mois d'aôut.