Un épisode de tension oppose la mairie de Beauvais et des circassiens. La mairie juge illégale l’installation d’un cirque Zavatta dans l’une de ses zones commerciales et a saisi le tribunal de judiciaire pour tenter de le déloger. Au cœur de ce conflit, la question de la présence d’animaux domestiques et sauvages envenime les échanges entre les deux partis.
Installé depuis le 10 septembre, ce cirque Zavatta ne passe pas inaperçu dans la zone commerciale de Beauvais. Une installation qui n’est pas au goût de la mairie qui assure que le cirque a pris place sans autorisation. "La police municipale, le 11 septembre dernier, a constaté l'installation illégale d'un cirque, sur un terrain communal. Un rapport a été établi par les agents de police municipale. Il est donc souhaité que le droit soit appliqué et que le cirque soit expulsé puisqu'il occupe un terrain municipal sans titre ni droit", exprime Paulin Kozakiewiez, directeur de la police municipale.
De son côté, le cirque est persuadé que son interdiction est due à la présence d'animaux sauvages et non sur l’occupation illicite. "On a mis des années à passer nos certificats de capacités pour pouvoir travailler. Quand nous délivre ce certificat, un droit d’ouverture, c’est qu’on peut les présenter au public. On est dans les normes. On arrive dans une ville. Et monsieur le maire dit 'j’ai pris un arrêté pour interdire les animaux dans les cirques'. Donc oui, on est en colère", lance Teddy Prein, responsable du cirque Zavatta.
"Il faut respecter les délais, les processus qui sont légaux, tout simplement"
Le cirque a fait trois demandes. Deux ont été refusées. La troisième n'a pas eu de retour. Les circassiens ont décidé de mettre en place leur structure. Une chose inaudible pour la mairie qui a déposé un référé au tribunal judiciaire pour exiger leur expulsion, le 15 septembre. "Il faut respecter les délais, les processus qui sont légaux, tout simplement. Qui ne sont pas propres à la ville de Beauvais, qu'on retrouve partout sur le territoire. Ça ne les autorise pas à s'installer sur ce terrain, comme tout autre organisateur d'événements, que ce soit des cirques, des spectacles, des événements de plein air, il doit y avoir une autorisation et il faut attendre les délais d'instruction pour obtenir sa réponse."
"Il n’y a pas d'opposition formelle à ce qu’un cirque avec animaux s'installe, mais il faut que ce soit fait dans les règles avec l'autorisation nécessaire."
Paulin Kozakiewiez, directeur de la police municipale
En 2019, l’arrêté de la ville concernant la présence de cirques avec des animaux sauvages avait été débouté. Mais Paulin Kozakiewiez, l’affirme, la municipalité ne conteste pas ce point. "Aujourd'hui, la loi ne prévoit pas cette interdiction. Donc, nous appliquons le droit, tout simplement. La ville, la municipalité applique le droit. De fait, il n’y a pas d'opposition formelle à ce qu’un cirque avec animaux s'installe, mais il faut que ce soit fait dans les règles avec l'autorisation nécessaire."
L'interdiction d'animaux sauvages, pas avant 2028
Pour rappel, la loi concernant l'interdiction d'animaux sauvages dans les cirques sera applicable à partir de 2028. Le ministère délégué auprès du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer a rappelé le cadre juridique applicable aux préfets, le 24 avril 2023. "Vous voudrez bien poursuivre l'information des mairies de votre département quant au cadre juridique applicable à l'installation des cirques sur leur territoire. En particulier, vous rappellerez que l'interdiction posée à terme par la loi n'empêche pas la présentation par les cirques d'espèces domestiques ni d'animaux issus de la faune sauvage jusqu'en 2028."
Mais les propriétaires du cirque dénoncent un acharnement. "On est en colère parce qu'on nous dit qu'on maltraite les animaux. On ne les maltraite pas. On a des chevaux, ça fait 14 ou 15 ans qu’on les a chez nous. Dès qu’ils ont un petit problème, on se lève même la nuit pour venir s’en occuper."
Le tribunal judiciaire de Beauvais doit décider de l'expulsion du cirque ou non. Et s’il doit plier bagage, le cirque a déjà annoncé qu’il s’y opposera en bloquant l’entrée de la ville.
Avec Noemie Furling / FTV