"Ce sont des animaux victimes de leur succès auprès des enfants" : chinchilla, lapin, souris, gerbille, l'explosion des abandons des NAC

Ce sont de petits animaux très mignons et qui semblent ne demander que peu d'attention. Les hamsters, souris, lapins et autres rongeurs font partie des NAC très en vogue depuis plusieurs années. Des nouveaux animaux de compagnie qui n'échappent pas aux abandons de plus en plus nombreux.

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Lapins, souris, hamsters, chinchilla, tortues. Les abandons des NAC : les nouveaux animaux de compagnie, explosent. Et en particulier à l’approche de l’été. Achat coup de tête. Caprice d’enfant. Effet confinement. Ces petits animaux sont victimes de leur succès.

Déjà une liste d'attente

Pour recueillir ces animaux abandonnés et leur trouver un nouveau foyer, Amélie Haqueville et son mari ont poussé les murs de leur maison de Feuquières, dans l’Oise, pour y installer leur propre refuge. Dans le garage, la jeune femme, ancienne bénévole dans des associations de bien-être animal et elle-même propriétaire passionnée de NAC, a installé les lapins.

Créée au mois de juin, son association Les NACs d’Alma a été rapidement saturée. "Je ne m’attendais pas à être complet aussi vite, reconnaît Amélie tout en nettoyant une cage. Je savais qu’il y avait de la demande en termes de NAC parce qu’avant d’ouvrir, j’étais bénévole dans un refuge. Mais que ça prenne cette ampleur aussi rapidement, on n’était pas prêts. Il a fallu qu’on s’adapte à la demande. Quand j’ai ouvert, comme il y a des associations qui recueillent des lapins, mais pas les autres NAC parce que c’est difficile à faire adopter, j’avais dit que je ne prenais pas de lapin. Mais face à la demande, je me retrouve avec dix lapins parce que je ne peux dire non et les laisser dehors."


L’année dernière, plus de 100 000 lapins se sont retrouvés dans des refuges. Ce qui en fait le nouvel animal de compagnie le plus abandonné en France. Amélie a d'ailleurs sept demandes de prises en charge sur liste d’attente.

Des animaux aux besoins méconnus

Dans ce qui était auparavant son salon, l’ancienne bénévole, qui occupe par ailleurs un emploi à temps plein, a installé les cages des souris et des gerbilles. Des cages dont elle sait malheureusement qu’elles ne sont pas les plus adaptées. "Ce ne sont pas du tout des habitats que je préconise pour leur vie future. Ces animaux-là, pour le coup, c’étaient des achats impulsifs et irréfléchis en magasin. Ils m’ont été donnés la plupart avec leur cage. Et quand je dis aux gens que les cages ne sont pas adaptées, on me répond qu’une autre cage ce n’est pas marrant parce qu’on ne les voit pas", déplore-t-elle. Les hamsters sont aussi très nombreux. Cette petite boule de poils noire et blanche que nous montre Amélie a été achetée en juin dernier puis abandonné le mois suivant "parce que la jeune fille partait en vacances".

Car ces abandons sont bien souvent liés à une méconnaissance des besoins de l’espèce ou des acquisitions impulsives. "Ce ne sont pas des animaux qu’on prend pour se tenir compagnie. Ce n’est pas un chat ni un chien, tient-elle à préciser. Donc les gens finissent par s’en désintéresser et par les laisser dans un coin parce que ça n’est pas aussi amusant qu’ils le pensaient. Et finalement, on part en vacances, le caprice est passé, on a trouvé une autre bête qui nous intéresse un peu plus donc le NAC doit partir. Avant de créer mon association, je ne pensais pas qu’il y avait autant d’abandons de petits rongeurs. Mais c’est souvent la bêtise que font les parents en cédant à l’enfant. Ce sont des animaux qui sont victimes de leur succès auprès des enfants. Sans se renseigner sur leur rythme de vie. C’est l’achat facile. On ne prend pas un chien ou un chat, donc on prend un hamster. Jusqu’à ce que l’enfant s’en désintéresse. Surtout lorsqu’il se rend compte que quand lui est actif, l’animal dort ou quand il veut le réveiller, ça effraie l’animal. C’est malheureusement un peu la victime des caprices de l’enfant."

Amélie observe aussi, comme au niveau national, le contrecoup du confinement. "Ce chinchilla-là a été adopté pendant le confinement pour tenir compagnie. Et la propriétaire est venue me voir en s’étonnant qu’il soit encore vivant alors qu’il a 4 ans. Quand je lui ai dit que ça vivait entre 10 et 20 ans, elle m’a répondu qu’elle ne pensait pas qu’un rongeur vivait aussi longtemps. Les gens pensent ça parce qu’ils ont dans la tête qu’un rongeur, ça vit deux ans, grand maximum cinq ans."

La nécessité de sensibiliser les futurs acheteurs

Elle a déjà recueilli pas moins de six chinchillas dont un retrouvé dehors,"sachant que, dehors, les chinchillas sont voués à une mort quasi certaine parce qu’ils n’ont aucun moyen de défense (…) C’est la proie idéale des rats, des chiens, chats, buses."

Amélie, comme les associations de défense des animaux, déplore que ces nouveaux animaux de compagnie ne soient pas suffisamment défendus : depuis le 1er janvier 2024, la vente de chiens ou de chats est interdite en animalerie. Mais pas celle des NAC. Alors, elle fait ce qu’elle peut pour venir en aide à ces petites bêtes délaissées. Avec peu de moyens et des dons trop peu importants pour couvrir l’achat de cages, d’accessoires, d’alimentation et les frais vétérinaires qui coûtent deux à trois fois plus cher que ceux pour un chien ou un chat "parce que des vétérinaires NAC, il n’y en a pas partout. Et il faut une formation spéciale. Donc ça coûte plus cher."

Ces difficultés n’entament cependant pas sa motivation qui a d’autres projets : "mon souhait, ce serait d’avoir une pièce par espèce et pouvoir aménager des espaces vraiment adaptés. Et même pourquoi pas sensibiliser en faisant venir les gens ou les écoles pour sensibiliser les enfants."

En attendant, elle espère obtenir un local municipal pour offrir plus de place aux animaux... Et accueillir des tortues lorsqu’elle en aura l’autorisation.


Avec Narjis El Asraoui / FTV

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