Une copie numérique d'un tableau de Ingres exposé au musée du château de Chantilly bientôt visible virtuellement

La Maladie d’Antiochus peint en 1840 par Ingres, exposé au musée Condé de Chantilly, a été scanné le 27 avril. Sa copie numérique sera bientôt présentée au public. Comme un dessin de Raphaël et un os vieux de 14 500 ans, l'œuvre a remporté un concours national pour être numérisée.

Tout commence par un concours. Celui organisé par la société suisse Artmyn, spécialisée dans la numérisation d’œuvres d’art, un transporteur d’art et la Fédération des lieux de cultures innovants CLIC France. Ouvert à tous les musées français, les candidats avaient jusqu’au mois de février pour tenter de remporter la numérisation d’une de leurs œuvres.

Une manière d’ouvrir les musées, pour Grégoire Debuire responsable innovation chez Artmyn, membre du jury : "En créant des jumeaux numériques, on permet aux tableaux de quitter leurs cimaises pour aller à la rencontre de nouveaux publics".

Ni une, ni deux, le musée Condé du Domaine de Chantilly y inscrit La Maladie d’Antiochus, chef d’œuvre de Jean-Auguste-Domnique Ingres. Début avril, le verdict : la peinture du XIXe siècle fait partie des six œuvres lauréates.

Une opération exceptionnelle

Raphaël, Botticelli, Fra Angelico, Poussin… Les collections du musée Condé ne manquent pas de chefs d’œuvre. Entre tous, celui d’Ingres a tiré son épingle du jeu "parce qu’il est rempli de détails, c’est une composition très complexe", avance Mathieu Deldicque, conservateur adjoint au musée.

Le 27 avril, l’huile sur toile, de 57cm de hauteur sur 98cm de largeur, a été minutieusement emballée avant d’être transportée. Une opération délicate car "c’est une œuvre sensible, fragile, un des grands chefs d’œuvres de Chantilly, qui ne sort pas souvent du château", précise Nicole Garnier, conservatrice en chef du musée Condé.

En effet, les collections du Domaine de Chantilly ne peuvent être prêtées. Une demande expresse du Duc d’Aumale, donateur des œuvres du musée en 1897, dans son testament. "Il s’agit en l’occurrence d’une opération technique, et non d’un prêt, donc la sortie du tableau est autorisée", conclue la conservatrice en chef.

Photographié 22 656 fois

C’est en Seine-Saint-Denis, au centre de numérisation de la société Artmyn que tout s’est joué. Et devant la peinture vieille de près de 200 ans, une technologie unique au monde.

Divisé en plusieurs parties, le tableau est photographié 22 656 fois en un peu plus d’une heure. Un shooting millimétré pour reproduire l’œuvre en cinq dimensions d’après Grégoire Debuire : "Toutes ces photos vont être assemblées par les algorithmes ce qui permettra d’avoir une image interactive, que l’on pourra manipuler dans toutes les directions, un peu comme si on avait le tableau dans les mains."

Une opération qui aura aussi permis d’examiner le tableau. "À l’aide de rayons ultraviolets et infrarouges, nous pouvons voir ce qui se passe sous la couche picturale". Une technique qui aura permis au musée de découvrir "des dessins préparatoires, les changements de compositions, les repeints, explique Mathieu Deldicque, conservateur adjoint. D’une certaine manière, nous sommes entrés dans le tableau pour voir ce que l’on ne discerne pas à l’œil nu".

Virage numérique du musée Condé

Numériser La Maladie d’Antiochus n’a rien d’anodin pour le musée de Chantilly. Ébranlé par les confinements successifs, l’institution a entamé un virage numérique : "En fait, on organise beaucoup de choses en terme numérique, ça permet de vivre pendant la crise du covid et même après. On prépare des visites virtuelles, des applications de médiation et des dispositifs comme celui-ci pour permettre au public d’entrer dans les tableaux et découvrir tous les chefs d’œuvres"explique Mathieu Deldicque.

À terme, le tableau néoclassique sera visible sur le site internet du musée mais aussi dans les allées du château. À l’aide d’une tablette, les visiteurs pourront "zoomer de manière très précise sur des détails et essayer de percer quelques mystères livrés par cette toile". Prochainement, sa version numérique sera présentée sur les réseaux sociaux. De quoi patienter avant la réouverture du musée Condé.

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