[Mise à jour le 15/01/2020] Par sa ramure et son âge, il était devenu une figure de la forêt de Laigue, près de Compiègne. Le cerf surnommé Black a été abattu lors d'une chasse à courre le 4 janvier 2020 à Saint-Crépin-des-Bois (Oise).
L'un des animaux les plus imposants et rares de la forêt de Laigue s'est éteint ce 4 janvier. Un cerf âgé de 8 à 9 ans, surnommé Black, a été abattu au terme d'une chasse à courre ce jour-là. L'association Abolissons la vénerie aujourd'hui (AVA), qui dénonce le "sacrifice d'un symbole", estime de même que la chasse de l'animal n'a pas été réalisée selon les règles de la vénerie.
Selon deux témoins présents en forêt de Laigue ce jour-là, les chasseurs de l'équipage de Rivecourt dans l'Oise pourchassaient un jeune cerf lorsqu'ils croisent le chemin de Black. "Il est plus beau que celui qu'ils chassaient, alors ils décident de le débusquer lui, raconte Stanislas Broniszewski, membre d'AVA. Aucun statut particulier ne protège ce genre d'animal : il est justement plus vulnérable en raison de sa beauté". Le majestueux cerf, dôté d'une ramure de 18 cors, prend alors la fuite face aux chiens. Il traverse à la nage un étang, vient se coincer les bois contre un grillage, avant d'être mis à mort.
Une pratique étroitement surveillée
"Normalement, la vénerie interdit de poursuivre plus d'un animal par chasse," lance Stanislas Broniszewski. Une obligation que réfute la Fédération des chasseurs de l'Oise, interrogée par nos confrères d'Oise Hebdo, qui explique que cette règle n'est que "de bon sens" destinée à optimiser la forme des chiens d'un équipage."On a été alertés par deux personnes qui suivent habituellement la chasse à courre. Ils se disent révoltés," souligne le militant de la cause animale. Une opinion partagée par l'ex-ministre et sénatrice de l'Oise Laurence Rossignol, qui a fait part de son "écoeurement" face à la nouvelle.
Face à la polémique grandissante, la société de la vènerie a tenu à se défendre à l'aide d'un communiqué publié le mercredi 15 janvier. "La chasse s'est déroulée normalement et en toute légalité", peut-on lire sur le communiqué.Combien de temps allons nous encore tolérer la vénerie et les viandards qui la pratiquent ? Tous les Compiegnois amoureux de la forêt connaissaient ce cerf et l’apercevoir était un don de la nature. #Ecoeurement https://t.co/I8ZZWmwxU5
— Laurence Rossignol (@laurossignol) January 8, 2020
"Ce cerf pris à courre n'est ni LE plus beau cerf, ni un symbole de la forêt, explique Laurent Facques, responsable communication pour la Picardie de la Société de Vènerie. C'était certes un très beau cerf, mais il y en a d'autres". Face aux accusations de non respect des règles de vènerie, Laurent Facques répond : "En ce qui nous concerne, la polémique n'est pas justifiée. L'équipage n'a pas enfreint les règles de la vènerie. C'était juste une chasse qui s'est déroulée normalement, avec la prise d'un beau cerf".
Pour mettre fin à la polémique le chasseur rajoute : "Ce qui intéresse le veneur, plus que la prise, c'est la complexité de la chasse. Peu importe le trophée, ce qui compte, c'est le plaisir de voir chasser nos chiens".
La pratique de la chasse à courre est étroitement surveillée en forêt de Laigue et de Compiègne, notamment par les membres d'AVA. Ces derniers suivent, munis de caméras ou de téléphones portables et sans faire preuve de violence verbale ou physique, les chasseurs afin de rapporter d'éventuelles infractions.