Deux centres d'accueil de mineurs non accompagnés ferment dans l'Oise : "c'est une rupture de plus dans leur parcours"

Le département de l'Oise a annoncé la fermeture des deux centres d'accueils de mineurs non accompagnés de Beauvais et Nogent-sur-Oise avant la fin de l'année. Les 88 jeunes pris en charge dans ces centres dirigés par l'association Equalis sont replacés dans d'autres structures petit à petit.

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Ils viennent d'Afrique et d'Asie en quête d'un avenir moins sombre, et sont encore des adolescents. Ceux qu'on appelle les mineurs non-accompagnés tentent de construire leur nouvelle vie en France, accompagnés par des associations qui les aident à trouver leur place dans la société et à effectuer leurs démarches administratives. Ils dépendent de l'Aide sociale à l'enfance, une compétence départementale. 

Une expérience non renouvelée 

Dans l'Oise, Equalis s'occupait de 150 d'entre eux depuis 2019, à Beauvais et Nogent-sur-Oise. Une convention avait été signée entre le conseil départemental et l'association pour une durée de deux ans. Equalis louait une quarantaine de logements, des appartements dispersés dans les deux communes, pour héberger les mineurs non accompagnés. L'association proposait également un suivi et un accompagnement par des éducateurs pour leur scolarité, leur entrée sur le marché du travail et leurs démarches administratives. Un dispositif expérimental de "semi-autonomie" qui existe dans d'autres départements. Mi-juillet, le département de l'Oise a annoncé que cette expérience ne serait pas renouvelée. 

L'association doit donc rendre ses logements et les locaux des deux centres d'accueil avant la fin de l'année. Dans la presse locale, le Département explique qu'il n'était pas satisfait des résultats de l'expérience, d'où la décision de ne pas la renouveler. Contacté par nos soins, il n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet. Carole Martin-Serrano, qui dirige les deux sites Equalis de l'Oise, évoque plutôt la diminution du nombre de mineurs non accompagnés sur le territoire. "Avec la crise sanitaire, il y a eu moins d'arrivées sur le territoire national. Depuis quelques mois, il y avait une baisse des effectifs, puisque des jeunes sortaient du dispositif mais il n'y en avait pas qui y rentraient."

88 jeunes replacés

Pensé pour 150 jeunes, répartis de manière égale sur les deux villes, le dispositif n'incluait plus que 88 mineurs non accompagnés au mois de juillet. Petit à petit, depuis la décision du conseil départemental, ils sont replacés dans d'autres structures isariennes. "Aujourd'hui, il nous reste 53 jeunes à réorienter, nous avons jusqu'au 24 septembre."

De quoi inquiéter les jeunes pris en charge par Equalis. L'un d'entre eux, originaire du Mali, a appris qu'il quitterait son logement le 20 septembre pour aller dans un centre Coallia, un opérateur social actif dans l'Oise mais dont les dispositifs ne sont pas spécialisés dans l'accueil des mineurs non accompagnés. "Ça ne m'a pas plu du tout, parce qu'on se sent bien à Equalis, ils se sont occupés de moi, confie-t-il. Ici, on est dans un appartement, là on va aller dans hôtels, dans des chambres avec 8 ou 10 personnes. J'ai peur pour mes affaires quand je serais au travail. Je suis bientôt majeur, j'aimerais prendre un appartement, mais comme je n'ai pas encore la majorité, j'ai besoin d'un éducateur qui m'accompagne."

"Depuis deux ans, on crée du lien, on traverse tout avec eux"

Un crève-coeur également pour les travailleurs sociaux qui les suivent depuis deux ans. "C'est une incertitude pour les jeunes, une rupture de plus dans leur parcours, explique l'une d'entre elles, Messaouda Djebar. Certains sont depuis des années sur les routes pour arriver jusqu'en France, ils n'ont pas eu beaucoup de stabilité. Quand ils sont arrivés chez Equalis, c'était normalement la dernière étape avant qu'ils deviennent majeurs. C'est très compliqué pour eux, et pour nous aussi, parce que depuis deux ans, on crée du lien, on passe les bons et les mauvais moments avec eux, on traverse tout avec eux."

S'ils prennent contact avec les structures d'accueil pour leur communiquer les besoins et les situations des jeunes, ils savent que les nouveaux travailleurs sociaux auront besoin de temps pour bien les accompagner. Elise Strazzabosco suit par exemple Alhassane depuis décembre 2019, du début de sa scolarité en France jusqu'à l'ouverture de son premier compte en banque pour toucher l'argent du contrat d'apprentissage qu'il démarre cette année. "Je connais sa situation, son parcours, je connais son dossier sur le bout des doigts, explique-t-elle. Recommencer ça avec d'autres travailleurs sociaux qui vont reprendre en main le dossier, ça prendra forcément un peu de temps...

Pour certains collectifs et associations, les solutions de prises en charge proposées par le Département pour pallier ces fermetures ne sont pas adaptées à la situation des mineurs non accompagnées. Une manifestation est prévue le 8 septembre à 14h30, au départ de l'établissement Equalis de Beauvais.

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