Guillaume Lantrain, conseiller funéraire animalier : "on me prend pour un fou"

Installé dans l'Oise, Guillaume Lantrain a ouvert son agence de pompes funèbres pour animaux début 2022. Un pari sur l'avenir au moment où une proposition de loi vise à permettre aux propriétaires décédés de reposer avec leurs animaux de compagnie, dans leur propre cercueil.

La place de l’animal de compagnie prend de plus en plus d’importance au sein des familles, dans la vie comme dans la mort. Il est donc de plus en plus courant que des propriétaires veuillent organiser des funérailles pour un chien, un chat ou une perruche comme ils le feraient pour un proche.

C’est ce qu’aurait voulu Guillaume Lantrain lorsqu’il a été lui-même confronté à la mort de son chien, Harry, il y a quatre ans. "J’y étais très attaché et j’aurais bien voulu être accompagné à ce moment-là".

L’idée fait son chemin. Le jeune trentenaire décroche un diplôme de conseiller funéraire "au cas où mon projet ne marche pas". En attendant, le jeune entrepreneur met à profit ses compétences en entretenant les tombes des humains.

"À ce moment-là, la grand-mère de ma copine m’a appelé pour enterrer son chat. Je l’ai fait et je me suis dit, on devrait faire des pompes funèbres pour animaux". Aussitôt dit, aussitôt fait. Guillaume trouve une formation de service funéraire animalier. "Il n’y en a qu’une en France" remarque-t-il.

Le projet suit son cours. Le jeune homme trouve un partenariat avec un crématorium. Il monte son dossier tout en poursuivant son travail. "Comme j’entretenais la tombe de l’arrière-grand-mère de ma copine, sa famille m’a dit : ‘On te prête la moitié de l’héritage pour lancer ton projet’". Un coup de pouce qui lui permet de débuter son activité début 2022. "C’est grâce à ma belle-famille que j’ai pu ouvrir mon agence". Les premiers clients se manifestent. Le bouche à oreille fait le reste. "Dans l'Oise, je suis tout seul. On me prend pour un fou mais j'ai eu trois clients en mars. J'essaie de faire comme pour les humains. Il y a tellement d'animaux qui décèdent". 

Si les pompes funèbres animalières sont largement répandues aux Etats-Unis, elles sont encore peu nombreuses sur le territoire français. 

Enterrement ou crémation ?

Lorsque la mort d'un animal de compagnie survient, le propriétaire a plusieurs choix : l'enterrement ou la crémation.

L'enterrement d'animaux domestiques est régi par le Code rural. Si l'animal pèse moins de 40 kg, il peut être inhumé dans un jardin privé à condition que ce soit à plus de 35 mètres d'une habitation ou d'un point d'eau. S'il s'agit d'un gros gabarit, des services d'équarrissage le prennent en charge. L'autre solution est le cimetière animalier mais il n'en existe qu'une trentaine en France, dont le plus connu se trouve à Asnières, dans les Hauts-de-Seine (92). 

Le département de la Somme compte un cimetière communal situé à Ferrières et un cimetière privé à Ribemont-sur-Ancre. Celui de l'Oise a fermé ses portes

La crémation est la solution la plus répandue en France. C'est généralement le vétérinaire qui entreprend toutes les démarches. Elle peut être privée avec récupération des cendres ou commune à plusieurs animaux. La compagnie d'incinération se charge alors de la dispersion des cendres dans un jardin du souvenir.

Des obsèques personnalisées

Pour éviter toutes ces contraintes, de plus en plus de propriétaires ont recours aux services proposés par les pompes funèbres animalières. Avec 80% des parts, Esthima est leader sur le marché. Face à lui, quelques rares entreprises indépendantes, comme celle de Guillaume Lantrain. L'Isarien se démarque en proposant des obsèques personnalisées. "Moi, je propose de l'accompagnement. Soit je vais chercher le corps à domicile, soit la famille l'amène à l'agence. Je le dépose dans la chambre funéraire où la famille peut venir se recueillir. Je reste avec eux pour connaître leur goût. Par exemple, j'ai eu un chien, son maître me disait qu'il adorait son doudou bleu. Puis on a fait les papiers et quand il a fallu choisir une urne, j'ai proposé une urne bleue. Je marche beaucoup sur le dialogue".

Les prix varient entre 100 et 150 euros pour une crémation plurielle et vont de 145 à 220 euros pour une crémation privée. "Tout le monde croit que comme les humains, ça va monter à 3 000 euros mais ce n'est pas du tout le cas"  rassure le conseiller funéraire, qui propose également un paiement en plusieurs fois. Il faut ajouter à cela le prix du cercueil (en bois ou en carton) ou de l'urne, plus celui de la concession et son entretien. 

Chiens, chats, oiseaux, rongeurs, quasi tous les animaux de compagnie sont pris en charge. Rappelons qu'il est interdit de jeter la dépouille de son animal de compagnie dans une poubelle, un égout ou tout autre lieu. Le contrevenant peut être puni d'une amende de 3 750 euros. 

L'affaire de Guillaume Lantrain n'en est qu'à ses balbutiements mais le jeune homme a bon espoir pour l'avenir.

Être enterré avec son animal de compagnie, bientôt possible ?

Pouvoir reposer en paix avec son fidèle compagnon, c'est l'objectif d'une trentaine de parlementaires qui ont déposé une proposition de loi, afin d'autoriser que l'urne d'un animal de compagnie puisse être enterrée dans la tombe de son maître. Publié le 10 février 2022 au journal officiel, le texte est co-signé par 27 élus de tous bords et porté par Loïc Dombreval (LREM), président du groupe d'étude parlementaire Condition animale. Il précise qu'en France, "une famille sur deux détient au moins un animal de compagnie. Ces animaux sont désormais considérés comme des membres à part entière de la famille". Selon les députés, la présente proposition de loi pourrait permettre aux maires, usagers et opérateurs funéraires de répondre à une demande croissante des propriétaires.

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