« Monsieur Clément-Bayard continue à être de la part de l'ennemi l’objet d’une haine qui l’honore ». Dans cet article du Matin, daté d’octobre 1914, le style est fleuri. Maire de Pierrefonds, Adolphe Clément-Bayard est un personnage qui compte : la presse le présente comme le Zeppelin français.
Avant les dirigeables, il y avait les vélos et les voitures. Admirez cette Clément-Bayard, une voiture exposée au Palais Impérial de Compiègne. « Sans peur et sans reproche », telle est la devise de ce serrurier devenu capitaine d’industrie : il est le premier importateur des pneus Dunlop et ses automobiles participent au circuit de la Sarthe ou au Tour de France. Un de ses fils se tue lors d’un grand prix. Son père apprendra la nouvelle en descendant de son ballon.
Car Clément-Bayard s’est lancé dans la conquête du ciel ! En 1910, un de ses aéronefs a rallié Londres depuis l’Oise, accomplissant la première traversée de la Manche en dirigeable. En mai 1914, il fait la une des journaux. De passage en Allemagne, il s’est approché d’un hangar militaire, où l’on amenait un zeppelin. La police l’a jeté en prison, pour espionnage. 36 heures derrière les barreaux, la presse s’offusque !
En septembre 14, les Allemands investissent Pierrefonds. Les uhlans cherchent le maire partout, mais il a filé. Le duc de Schleswig Holstein s’installe dans ses murs. Il lui laisse une lettre quand ses troupes font retraite : « Je vous rends votre maison dans le même état que je l’ai trouvée » . Il confesse avoir réquisitionné une auto, mais assure qu’il lui fera une excellente publicité ! Clément-Bayard participe à l’effort de guerre, dans son usine de Levallois. Il mourra d’une crise cardiaque, dans sa voiture, en 1928.
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