Conservé en forêt de Compiègne, le wagon de l’Armistice est un symbole. Pourtant, le maréchal Foch n’est jamais entré dans cette voiture. En effet, ce wagon est le jumeau de l’original. Le vrai a été détruit. Pieusement exposé dans l’entre-deux-guerres, il fut utilisé en 1940 pour assouvir la vengeance d’un vaincu de 1918 : Adolf Hitler.
Le wagon a été aménagé pour accueillir les échanges entre plénipotentiaires des deux camps. Quand les émissaires allemands se présentent, le 8 novembre 1918, le maréchal Foch les reçoit, glacial : « A qui ai-je l’honneur de parler ? » Et de poursuivre, « Je n’ai aucune proposition à faire… Demandez-vous l’Armistice ? ».
Foch leur donne trois jours pour accepter les clauses décidées par les vainqueurs. Livraison de matériel, évacuation des pays envahis et bien sûr, l’Alsace et la Lorraine.
La révolution couve en Allemagne. Les émissaires demandent à garder des mitrailleuses pour maintenir l’ordre. 25 000 seront livrées au lieu des 30 000 réclamées. Pieds et poings liés, ils signent. Leur chef, Matthias Erzberger conclut : « Un peuple de 70 millions d’hommes souffre, mais ne meurt pas… » Mais c’est lui, Matthias Erzberger, qui mourra, assassiné par un officier revanchard, en 1921. En ce 11 novembre 1918, les Poilus, eux, sont heureux. Rencontre historique avec le wagon de la victoire en gare de Compiègne.
En 1940, autre guerre, autre histoire, le Reich triomphe. La Wehrmacht défile dans la célèbre clairière. C'est un nouvel armistice mais les vainqueurs ont changé. Le chancelier Adolf Hitler accueille un adversaire défait. Les monuments sont démantelés. Seule la statue de Foch est préservée. Trophée de choix, le wagon est expédié à Berlin. Il brûlera en 1945. Ses restes seront découverts dans les années 90, après la chute du rideau de fer.