Reptiles, mygales, chevaux… Secourir des animaux blessés ou errants : une formation supplémentaire pour les sapeurs-pompiers de l’Oise

Le SDIS de l'Oise forme de plus en plus de sapeurs-pompiers au sauvetage d'animaux comme les chevaux, les serpents ou encore les lézards. Si les soldats du feu ont déjà une formation de base lors de leur cursus, certains animaux et types d'intervention demandent des compétences supplémentaires.

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Sortir un cheval enlisé dans la boue, c'est une opération bien compliquée, mais assurée avec brio par une équipe de pompiers spécialisés dans le sauvetage animalier. Car depuis 2023, le SDIS (Service départemental d'incendie et de secours) de l'Oise est extrêmement bien équipé.

La caserne de Pont-Sainte-Maxence possède un véhicule de l'URAN (unité des risques animaliers) qui fait office de cabinet vétérinaire ambulant avec du matériel haut de gamme afin d'assurer la sécurité et le bien-être de chaque animal. 

Une formation bien encadrée

Formé l’an dernier, David Zerouali, responsable unité des risques animaliers au SDIS de l'Oise, explique que ce dispositif découle de la loi Matras, qui permet d'étendre le régime d'intervention des Services d'Incendie et de Secours. "On s'est aperçu que de plus en plus d'animaux étaient maltraités, abandonnés, blessés, et ça peut nous amener à intervenir pour la sécurité des gens et des animaux", explique-t-il.

Chien dangereux ou blessé, animaux de la ferme (bovins, ovins, équidés), nouveaux animaux de compagnie (tortues, lézards, serpents...) ou encore faune sauvage (cerfs, sangliers, renards...), le champ d'intervention des sapeurs-pompiers est large. Une fois récupérés, ils sont "pris en charge soit par la mairie, soit par les services vétérinaires ou par les associations". Pour le cheval enlisé dans la boue, par exemple, il sera également pris en charge par le vétérinaire de la famille.

Actuellement, 24 sapeurs-pompiers sont opérationnels. Mais comment se passe la formation ? "Vous avez un entretien, on vous demande pourquoi vous voulez faire partie de l'équipe. Après, vous êtes formés pendant une semaine par les conseillers techniques et les vétérinaires." Mais surtout, les sapeurs-pompiers professionnels ou volontaires sont formés sur les compétences techniques : attraper un animal, le dégager, le soigner, le mettre en protection ou encore comment se protéger et protéger la population.

David Zerouali rappelle d'ailleurs que tous les animaux récupérés ne sont pas laissés à l'abandon. "Il y a toujours un propriétaire, même s'il se manifeste une semaine plus tard. Il m'est déjà arrivé de récupérer deux labradors, de les mettre à la SPA de Compiègne et le propriétaire les retrouver, il est content parce qu'ils n'ont pas été écrasés par un véhicule", relate le responsable.

Dans leur cursus de base, tous les sapeurs-pompiers sont formés à la récupération et capture d'animaux, je dirais, lambdas : un chien blessé ou même un reptile. L'URAN est là pour l'animal grand gabarit, quand il y a des précautions particulières à avoir ou quand il y a un danger pour l'animal ou les gens.

David Zerouali, responsable unité des risques animaliers SDIS Oise

Trouver un dépôt adapté

Une fois l’animal secouru, le plus important est de le soigner s'il est blessé et lui trouver un lieu de dépôt adapté. Au zoo d'Amiens, un bâtiment préfabriqué permet de prendre en charge les nouveaux animaux de compagnie, comme une mygale retrouvée il y a quelques jours et récupérée par les sapeurs-pompiers de l'URAN. "Elle a été retrouvée dans un magasin d'Amiens, dans un pot à plante par un client", note Laure Garrigues, responsable scientifique du zoo. Si ce type de mygale n'est pas mortelle, sa morsure n'en reste pas moins douloureuse.

Au sein de ce lieu, la mygale, mais aussi le lézard, également retrouvé quelques jours plus tôt dans un jardin, vont recevoir des soins. "On va vérifier qu'ils ne sont pas malades, qu'ils mangent. Ce n'est pas toujours facile pour des animaux, des reptiles, qui vivent un grand stress. On va s'assurer que tout va bien. Après, ils vont continuer à vivre chez nous, on va les garder jusqu'à ce qu'on arrive à leur trouver une place chez des particuliers ou une autre structure zoologique", détaille Laure Garrigues. Les soigneurs peuvent compter sur un large réseau national et européen, même si les places manquent souvent.

Pour les soigneurs, la compétence supplémentaire des sapeurs-pompiers est un plus non négligeable, d'autant plus qu'elle leur permet d'alléger davantage leur travail. "Finalement, on est moins sollicités qu'avant pour récupérer les animaux errants. Ils travaillent étroitement avec nous et ils connaissent nos capacités d'accueil donc ils essaient de nous solliciter le moins possible", insiste la responsable scientifique.

Elle précise que les sapeurs-pompiers ont une compétence de reconnaissance des espèces et savent faire la différence. "Ils peuvent faire la différence, par exemple, entre des espèces de serpent, comme une couleuvre à collier qui vit chez nous et qui doit être relâchée dans le milieu nature, et un autre serpent comme un python, qui ne doit pas être relâché et va bien souvent arriver chez nous". 

Cette spécialisation reste en plein développement et devrait s'élargir dans les mois et années à venir. L’Oise est aujourd’hui le département le mieux doté : les sapeurs-pompiers formés seront 36 à l’horizon 2025.

Avec Ambre Croset / FTV

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