Arras : les Patriotes cherchent encore leur place sur un créneau souverainiste encombré

Le parti des Patriotes de l'ancien numéro deux du FN Florian Philippot, qui tient son congrès fondateur dimanche à Arras, cherche encore sa place sur un créneau souverainiste encombré.

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Le plus jeune parti de France, créé en septembre et installé au nord de Paris, n'a pas convaincu aux élections partielles dans le Territoire de Belfort et dans le Val-d'Oise fin janvier-début février, avec des résultats bien inférieurs à ceux de son concurrent d'extrême droite.

Les Patriotes, qui revendiquent 6.000 adhérents et seront environ 500 dimanche, ont obtenu 2% à Belfort (7,5% pour le FN, qui a perdu 10 points) et 1,6% dans le Val-d'Oise (10,1% pour le FN, -5 points). Florian Philippot, 36 ans, a admis "un score modeste" et la nécessité de "faire de la pédagogie", même s'il juge ce résultat "honorable pour une nouvelle formation politique".

"Les Patriotes sont dans une impasse. Il n'y a pas d'espace pour deux partis nationalistes qui se font, à quelques nuances près, concurrence", estime le sociologue Sylvain Crépon. La scission de Bruno Mégret du Front national en 1998, plus massive que celle de Florian Philippot, s'était d'ailleurs soldée par un retour de quasi tout le monde au FN.


Message de Nigel Farrage

Sur l'Europe, ce sera en outre difficile pour Florian Philippot de faire entendre sa voix entre celle du président des Républicains Laurent Wauquiez qui soutient une ligne "assez eurocritique" et le FN, qui considère désormais "qu'il ne faut pas sortir de l'euro tout de suite", estime Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop.

Les Patriotes prônent le "Frexit", soit la sortie immédiate de la France de l'Union européenne, une hypothèse qui n'avait pas convaincu les électeurs du FN au moment de la présidentielle. Fervent défenseur du Brexit, l'eurodéputé britannique Nigel Farage transmettra à Arras un message vidéo, pour soutenir un parti de "convictions", selon Florian Philippot.

Le créneau souverainiste est aussi déjà occupé en France par Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France et ancien allié de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, et par un ancien proche de Charles Pasqua, François Asselineau, qui a fait 0,92% à ce scrutin.

Par le passé, les personnalités souverainistes comme Philippe de Villiers ou Charles Pasqua "n'ont jamais suscité un engouement important", rappelle M. Crépon.


Les européennes, moment de vérité 

Les élections européennes seront donc le "moment de vérité" des Patriotes, qui remettent à ce scrutin trois sièges en jeu : ceux de Florian Philippot, Mireille d'Ornano et Sophie Montel. Chez M. Philippot, on assure pourtant qu'avec le nouveau mode de scrutin par liste nationale, la barre des 5% de voix est atteignable, ce qui permettrait d'obtenir au moins quatre élus.

Cette élection est importante pour "une structure modeste qui vit essentiellement du fait qu'elle a quelques députés européens", rappelle M. Fourquet. Or "il y a déjà beaucoup de monde sur la ligne de départ" des européennes, selon l'analyste. Outre le FN, LR et Debout la France, M. Asselineau pourrait aussi proposer une liste.

Reste donc à savoir si le parti des Patriotes ressemblera à Debout la France, "le plus petit des grands partis", ou deviendra comme le Parti de la France, fondé par l'ex dirigeant frontiste Carl Lang, "qui continue à présenter des candidats mais n'a aucune visibilité", se demande M. Fourquet. L'analyste n'exclut pas non plus que Les Patriotes deviennent une formation politique "qui ne décolle pas et vivote pendant des années".

M. Crépon pointe également la personnalité de Florian Philippot, qui a porté plainte pour menaces de mort, "très à l'aise sur les plateaux de télévision mais beaucoup moins dans les sections militantes". Or "c'est difficile d'incarner un mouvement quand on a un déficit de charisme", selon lui.
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