Près de 200 associatifs et élus opposés au projet Tropicalia se sont rassemblés, ce samedi 6 février, au Champ Gretz, à Rang-du-Fliers, où une serre tropicale géante doit voir le jour d'ici 2022. Avec la présence de plusieurs leaders écologistes, la manifestation a pris une tournure très politique.
"Une piste de ski en plein désert". Voilà comment Catherine, membre du collectif "Non à Tropicalia", résume ce projet de serre tropicale géante sur la Côte d'Opale.
Comme elle, près de 200 manifestants se sont réunis ce samedi 6 février, au champ Gretz, dans la commune de Rang-du-Fliers, pour dénoncer l'"aberration" de cette future bulle couverte prévue sur ce terrain situé non loin de Berck, dans le Pas-de-Calais.
Un projet "inutile et mégalo"
Sur place, des pancartes s'élèvent pour fustiger un projet "inutile" et "mégalo" de Tropicalia. L'une d'entre elles détourne l'affiche du film Jurassic Park, barrée du nom "Tropicata".
Les opposants n'aiment pas tellement le scénario proposé par Cédric Guérin, un vétérinaire de la région, à l'origine de cette proposition. Un dôme de 20 000 m², pour 32 m² de haut, sous lequel des colibris, des plantes exotiques ou encore des reptiles devraient s'abriter pour former la plus grande serre tropicale du monde. À l'intérieur une température de 26 degrés maintenue 24h/24h grâce à une énergie verte, selon le promoteur du projet.
Un "zoo" plus qu'une serre
Pour Catherine, une des contestataires, il s'agit moins d'une serre que d'un "zoo". Et à l'heure où "la conscience animale est de plus en plus présente dans nos sociétés", sa construction est mal venue. Pour cette membre d'une association écologiste, ce projet est une "verrue" sur cette "région splendide" qu'est la Côte d'Opale.
"Nous ne sommes pas contre un projet touristique, tempère Catherine, face à la promesse de la venue de 500 000 visiteurs par an sous cette serre. Mais nous voulons un projet qui procure du bien-être aux gens, pas un projet avec pour seule vocation le profit."
Ce n'est pas la première fois qu'une manifestation s'organise pour contrecarrer ce projet, dont le permis de construire est visé par un recours. Déjà, le 20 décembre 2020, environ 200 personnes s'étaient retrouvées sur le même champ Gretz.
Soutien d'élus écologistes et de la gauche
Mais cette fois, le mouvement de contestation a pris une tournure plus politique, à l'approche des élections régionales. Les leaders du parti écologiste EELV sont venus en force pour afficher leur soutien auprès des manifestants. Parmi eux, Yannick Jadot, Eric Piolle, Karima Delli ou encore Julien Bayou.
Pour la député européenne Karima Delli, "ce projet de serre tropicale sur la Côte d’Opale est une aberration écologique et économique ! Sur tous les plans, c’est un mirage, mais c’est surtout un mensonge."
« On est là, on est là! » avec @KarimaDelli @yjadot @EricPiolle @sandrousseau pic.twitter.com/t0S7lzvQoy
— EELV Nord-Pas de Calais (@eelv_NPDC) February 6, 2021
Aussi, une pétition, lancée vendredi 5 décembre par le collectif d'associations "Non à Tropicalia", a été signée par plusieurs figures politiques de la gauche, dont Jean-Luc Mélenchon (FI), François Ruffin (FI) ou bien le socialiste Raphaël Glucksmann. Elle compte à ce jour près de 1500 signataires.
Un projet à 73 millions d'euros
La Côte d'Opale sous les tropiques ? C'est la folle ambition de ce projet à 73 millions d'euros, qui devrait voir le jour à l'horizon 2022. Le coût de ce bâtiment technique devrait être financé majoritairement par des fonds privés, auxquels s'ajouterait une subvention publique de 10 millions d'euros sollicitée auprès de l'ADEME, l'agence de la transition écologique, selon la Voix du Nord.
Les promoteurs ont obtenu fin 2019 un permis de construire contre lequel un recours a été déposé devant la justice administrative. Une audience devrait se tenir d'ici à la fin de l'été, selon la préfecture.
Des élus locaux soutiennent Tropicalia
Pour certains élus locaux, Tropicalia est vu comme une aubaine pour l'économie de la région. "C'est une opportunité extraordinaire pour tout ce territoire qui a une vocation touristique évidente dans le sud de la Côte d'Opale, expliquait Bruno Cousein, maire de Berck-sur-Mer et président de la Communauté d'Agglomération des 2 Baies en Montreuillois (CA2BM).