Législatives 2022 : Dupond-Moretti et Bardella au chevet de leur candidat à Béthune, dans un duel RN-Majorité présidentielle

La 9e circonscription du Pas-de-Calais pourrait tomber aux mains du Rassemblement national, où sa candidate Caroline Parmentier est arrivée en tête (30,8%) devant la députée sortante de la majorité Marguerite Deprez (22,9%). La venue des poids lourds illustre l'importance du scrutin.

Duel sous haute tension à Béthune. La ville principale de la 9e circonscription du Pas-de-Calais accueillait, ce mardi 14 juin, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti et le président du Rassemblement national Jordan Bardella. Deux cadors politiques pour tenter de faire pencher la balance, d'un côté ou de l'autre, à cinq jours du second tour des législatives.

L'enjeu est crucial, le RN est en passe de ravir la députation de ce territoire. Après le premier tour, la candidate et proche de Marine Le Pen, Caroline Parmentier, est arrivée en tête (30,8%) devant la député sortante centriste du MoDem Marguerite Deprez-Audebert (22,9%), qui avait crée la surprise en 2017. En cinq ans, cette dernière à perdu 2.270 voix, le RN en ayant gagné 3.200.

Une circonscription prête à basculer RN

Cette journée de campagne a commencé dans la matinée avec l'arrivée de Jordan Bardella, le médiatique président par intérim du Rassemblement national, en visite auprès de quatre candidats de la région. Ce dernier s'est affiché aux côtés de Caroline Parmentier, qu'il connaît très bien, puisqu'elle était en charge des relations médias lors de sa campagne pour les élections européennes de 2019 que tous les deux sont collègues au conseil régional d'Ile-de-France.

A l'issue d'une conférence de presse donnée en commun, le député européen a appelé "l'ensemble des électeurs de Marine Le Pen à se déplacer". "Nous sommes les seuls à placer la défense du pouvoir d'achat, des classes populaires, des classes moyennes et de tous ceux qui travaillent au coeur du débat, a déclaré Jordan Bardella. Emmanuel Macron a fait beaucoup de mal aux territoires populaires et ouvriers, je pense qu'ici on ne veut pas de sa brutalité." Avant de tacler la députée sortante "qui a brillé par son absence", a-t-il dit.

Cette circonscription, celle de l'usine Bridgstone de Béthune, Marine Le Pen l'a dans le viseur depuis un moment. D'où le choix de bombarder son attachée de presse de la campagne présidentielle, Caroline Parmentier, une femme rompue à l'exercice politique et aux stratégies de communication. Et cela malgré un parachutage flagrant et assumé. "Elle va s'implanter comme l'ont fait ici Ludovic Pajot, Steeve Briois, Bruno Bilde et évidemment Marine Le Pen", avance Jordan Bardella.

Le RN présent au 2e tour dans tous le Pas-de-Calais

Marine Le Pen s'était déjà déplacée en personne, le 28 mai, lors d'une braderie à Béthune, commune où elle a recueilli plus de 50% des voix au second tour de la présidentielle. Il s'agissait alors de s'assurer de la qualification de sa proche collaboratrice au deuxième tour des législatives, dans une circonscription de 15 candidats, le record des Hauts-de-France, dont trois représentants de l'extrême-droite. Parmi eux, Jacques Delaire, ex-candidat investi par le FN en 2017, évincé par le parti avant de se présenter comme dissident.

Lors de ces législatives, le Rassemblement national pourrait continuer d'élargir son assise dans le Pas-de-Calais. Présent au second tour dans l'ensemble des 12 circonscriptions du département, les candidats RN sont en position de favoris dans au moins six d'entre-elles. Jordan Bardella rêve lui d'un "grand chelem" dimanche 19 juin.

Pour rappel, en 2017, quatre députés FN avaient été élus, sur un total de huit dans toute la France. Pour 2022, le parti peut espérer dépasser les quinze députés (de 20 à 45 selon la projection Ipsos-Sopra Steria), ce qui lui permettrait de constituer un groupe à l'Assemblée nationale, lui conférant davantage de pouvoir.

Le gouvernement au secours de sa candidate

Dans l'après-midi, c'était au tour du Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, de courir au chevet de Marguerite Deprez, en ballotage défavorable pour ce second tour du scrutin. Le ministre de la Justice, venu en tant que représentant du gouvernement, a visité le centre d'accueil La Vie active destiné, notamment, aux femmes victimes de violences.

L'ancien avocat originaire de Maubeuge, dans le Nord, a profité de se déplacement pour faire la promotion des actions de l'Etat : "les bracelets anti-rapprochement, les téléphones grave danger, les ordonnances de protection", etc. Avant de tancer l'ennemi RN : "ces gens-là ne sont jamais présents pour voter les textes à l'Assemblée nationale."

Dupond-Moretti tacle le RN

Eric Dupond-Moretti s'est montré positif quant à l'espoir de Marguerite Deprez de briguer un second mandat: "Elle a beaucoup de réserve de voix possible, le RN a fait le plein. Puis au fond, les gens ne sont pas dupes, ils savent très bien que si le RN prospère dans ce pays, nous en avons terminé du progrès, nous en avons terminé de l'Europe."

Pour la candidate Ensemble!, nouveau nom de la République en marche, son ancrage local est un faire-valoir face à son adversaire francilienne. "En face de nous, on a une candidate qui ne connaît pas le territoire en dehors de ses marchés", tance la conseillère régionale et adjointe au maire de Béthune, Marguerite Deprez.

Chaque circonscription compte pour le parti d'Emmanuel Macron. Arrivé de justesse en tête du premier tour des élections législatives, le camp présidentiel risque en effet de ne pas disposer d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale. De 255 à 295 sièges lui seraient promis selon les projections des instituts de sondage, alors que la majorité absolue se situe à 289.

Quid des reports de voix ?

Dans la 9e circonscription du Pas-de-Calais, la représentante de la Nupes est arrivée en troisième position, avec près de 16% des suffrages exprimés, devant le candidat UDI (9,5%), quatrième. Le jeu des reports de voix sera ainsi déterminant pour départager les deux candidates. "Ca va être serré, mais je vais gagner", avance Caroline Parmentier. "Je sens qu'il y a une prise de conscience du danger, il y aura un report des électeurs qui ont une sensibilité de gauche modérée", croit savoir Marguerite Deprez-Audebert. Rendez-vous dimanche 19 juin.

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