Depuis un mois la metteuse en scène Louise Vignaud travaille et répète à la Comédie de Béthune la pièce "Nuit d'Octobre", le récit d'une manifestation à Paris en 1961 où des dizaines d'Algériens ont perdu la vie.
Octobre 1961. Période trouble, de tensions, la société française est divisée sur la question de l’Algérie. Dans ce contexte, une manifestation d’Algériens est brutalement réprimée à Paris. Des corps jetés dans la Seine. Impossible de dire combien de personnes meurent ce soir-là. Un pan de l’histoire nationale contemporaine dont le récit a été travaillé et mis en scène sur les planches de la Comédie de Béthune.
"Nuit d’Octobre invite son public à suivre des itinéraires d’individus fictionnels, certains inspirés de vies réelles. Tous les destins, à travers leur singularité, convergent vers ce terrible soir. En faisant appel à la fiction pour dire ce qui ne se dit pas, la pièce met en lumière les mécanismes du secret d’État et ses conséquences sur les âmes", explique la présentation du spectacle sur le site de la Comédie de Béthune.
"Intimement je suis parisienne, donc il y avait quelque chose, où les lieux que je connaissais enfant, les ponts, les quais de Seine, la Seine que je traversais régulièrement, et bien du coup elle se teintait d'une autre couleur et d'une autre histoire. C'est celle là, que j'ai voulu raconter", Louise Vignaud, metteuse en scène.
C'est l'engagement d'une femme, fonctionnaire, qui dit : on ne peut pas se taire. On ne peut pas se taire si on a lu tout ça. Ce n'est pas possible !
Magali Bonat, à propos de son personnage
Longtemps ces faits ont été tabous. Près de 40 ans après l’historien Jean-Luc Einaudi évoque cette date en parlant de massacre, il est poursuivi pour diffamation par le préfet de police de l’époque Maurice Papon. Une archiviste sera appelée à témoigner au procès, son personnage se retrouve dans la pièce. "C'est l'engagement d'une femme, fonctionnaire, qui dit : on ne peut pas se taire. On ne peut pas se taire si on a lu tout ça. Ce n'est pas possible", Magali Bonat, comédienne.
D’autres personnages tués lors la manifestation reviennent dans la mise en scène tel des fantômes à l’image d'une adolescente interprétée par la comédienne Yasmine Hadj Ali : "Moi je n'ai pas pu m'empêcher d'aller voir qui était cette jeune fille qui a été noyée à quoi elle ressemblait parce que ça me fait aussi un imaginaire".
Nuit d’octobre place le spectateur dans une époque, au cœur d’un drame… Une pièce jouée du 13 au 20 octobre à la comédie de Béthune.