Un policier jugé pour harcèlement sexuel sur deux collègues

Procès inédit ce jeudi à Béthune, un policier est  jugé pour harcèlement sexuel sur deux de ses collègues. Les faits s'étaient déroulés dans un commissariat du Douaisis. 

Elles ont eu le courage de porter plainte. Deux policières vont affronter le collègue qu'elle accusent de harcèlement sexuel ce jeudi au tribunal de Béthune.

Les faits se sont déroulés de 2014 à 2015. Ils ont duré 18 mois pour l'une, 6 mois pour l'autre.
 

En arrêt pour dépression

Sandrine a accepté de dévoiler son prénom, mais pas son visage. Elle est aujourd'hui en arrêt pour dépression. Pas franchement l'allure d'une victime. A 43 ans, elle apparaît comme une femme solide, droite dans ses bottes.

C'est lorsqu'elle a été nommée responsable d'un bureau détaché du commissariat de Douai que sa vie est devenue un enfer. 
L'un des policiers sous ses ordres s'est mis à la harceler, à longueur de journées, contestant son autorité à coups de blagues graveleuses, de propos dégradants, humiliants.

"C’était le sexe, le sexe, le sexe, continuellement", raconte-t-elle. « Je pouvais savoir ce qu’il faisait avec sa femme la veille. On ne pouvait pas parler avec lui. Une fois il a donné un grand coup de pieds dans mon bureau. J’étais en train de travailler, j’avais dû lui faire une réflexion, je ne sais plus sur quoi. Il enlevé son pantalon, j’ai vu son caleçon. Il a dit : " je vais te la sortir, je vais te la claquer sur le bureau, ça va te faire taire, ça va te calmer." »
 

Silence de la hiérarchie 

Sandrine s'en ouvre à sa hiérarchie, elle n'est pas prise au sérieux : « Ils m’ont laissé tomber. Ils savaient qu’il était comme ça. On me disait : " c’est normal, il est comme ça depuis des années, il ne changera pas. C'est à vous de vous adapter ".  Même les collègues masculins n’en pouvaient plus. La hiérarchie n’a jamais pris la mesure de nos souffrances ».

Le harceleur présumé ni en bloc comme si tout cela n’était qu’une vaste plaisanterie sans conséquences. 


Tentative de suicide 


Fin 2016, Sandrine tente de se suicider. Elle est en arrêt maladie, puis reprend le travail en mi-temps thérapeutique à Douai au bout de six mois. En discutant un jour avec une jeune adjointe de sécurité du commissariat d'Auby, elle se rend compte qu'elle n'est pas seule à subir : « Il entrait dans son bureau et ouvrait sa braguette en criant : “Je vais te la claquer sur la table !" ».

La jeune policière de 24 ans ne veut plus travailler dans la police. Sandrine la convainc de porter plainte avec elle, en juillet 2017.

Auparavant, un médecin du travail a alerté l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Plusieurs collègues, notamment masculins, ont témoigné en faveur des plaignantes. Ainsi que la femme de ménage du poste de police, qui se dit elle aussi victime de paroles déplacées.

Le harceleur présumé a changé de région, mais n'a pas reçu de sanctions disciplinaires. Les plaignantes comptent sur le procès qui se tient ce jeudi à Béthune pour se reconstruire.

Aujourd’hui en France, 98 % des plaintes pour harcèlement sexuel sont classées sans suite. 
 
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