Philippe Olivier, maître fromager-affineur, a appris dimanche qu'il allait bientôt être promu la Légion d'Honneur. La récompense d'un parcours exceptionnel et d'un savoir-faire reconnu dans le monde entier.
C'est un nom que les gourmands auront sans doute relevé parmi les personnalités désignées en ce début d'année pour la Légion d'Honneur. Philippe Olivier a été informé de cette bonne nouvelle par Frédéric Cuvillier, le maire PS de Boulogne-sur-mer, qui a proposé son nom au Ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. "J'avoue que je suis un peu stupéfait, surpris, mais très heureux évidemment", a-t-il réagi lundi. "Vous voyez quand même qu'on peut réussir à faire des choses à Boulogne, c'est une ville qui a plein d'atouts. Je suis très heureux pour cette ville."
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Ce Normand d'origine est arrivé à Boulogne-sur-mer en décembre 1974, à l'âge de 24 ans. Fils et petit-fils de fromager, il n'avait pas pu reprendre l'affaire familiale, promise à son frère aîné. Il s'est donc lancé tout seul, en reprenant une ancienne boucherie de la rue Adolphe Thiers pour y installer sa première fromagerie. "J'étais allé voir Dunkerque, Calais, Amiens, Abbeville, Le Havre mais c'est Boulogne qui est la ville qui m'a le plus attiré", se souvient-il. "J'avais déjà réfléchi à l'export et au fait d'être au centre du triangle Londres, Bruxelles, Paris".
Une reconnaissance pour le métier
A l'époque, Boulogne-sur-mer est connectée par le ferry avec l'Angleterre où ses fromages se font très vite une réputation. Aujourd'hui, ils s'exportent jusqu'en Chine ou à Dubai au Moyen-Orient. La spécialité de Philippe Olivier, c'est l'affinage : il commande des fromages à des producteurs, les fait vieillir avec patience et minutie pour leur donner encore plus de goût, et les revend ensuite au détail ou sous forme de plateaux. Un métier qu'il est parvenu à faire reconnaître comme un artisanat à part entière lorsqu'il présidait la Fédération des Fromagers de France. "On n'était pas considéré comme artisan car on disait qu'on achetait un fromage et qu'on le revendait sans y toucher", rappelle-t-il. "Les choses ont évolué en 30 ans et aujourd'hui, on fait des Fontainebleau, on fait des Camembert au Calvados, on transforme des fromages"."Papa était un précurseur, un des premiers à insister sur cette valorisation mal connue mais qui est une chaîne indispensable pour qu'on ait encore des bons fromages demain", salue son fils, Romain, 34 ans, qui a pris sa succession en 2010 à la tête de la fromagerie. Une entreprise familiale qui compte aujourd'hui quatre boutiques principales (Boulogne, Lille Lens, Calais), 25 salariés et travaille avec 200 producteurs en France sur 300 variétés. A 66 ans, malgré la maladie de Parkinson qui le handicape, Philippe Olivier continue de se consacrer à sa passion en écrivant des livres sur le fromage.