Dans la nuit du 11 au 12 février 1997, quatre jeunes filles parties faire carnaval ont été assassinées par les frères Jourdain et enterrées sur la plage de Sainte-Cécile. 25 ans plus tard, un hommage leur est rendu, pour "ne jamais oublier".
"C’était il y a un quart de siècle, mais ces filles restent dans les mémoires de tous les habitants du Portel". Elles s’appelaient Peggy, Amélie, Audrey, Isabelle. Elles avaient entre 17 et 20 ans. Des sœurs, des amies, parties en toute insouciance faire carnaval entre Le Portel et Equihen dans la nuit du 11 au 12 février 1997.
Ce soir-là, deux hommes âgés de 35 et 27 ans les enlevaient à bord d’une camionnette, les violaient, les tuaient et les enterraient plage Saint-Gabriel à Sainte-Cécile.
Arrêtés une semaine plus tard, Jean-Michel et Jean-Louis Jourdain seront condamnés en 2000 par les assises du Pas-de-Calais à la réclusion criminelle à perpétuité.
Les frères Jourdain, deux ferrailleurs originaires de Dannes, tous deux récidivistes : l’un avait été condamné par le passé pour viol, l’autre pour meurtre.
Lâcher de colombes en hommage aux jeunes filles
Ce samedi 19 février 2022, un hommage aux victimes a été rendu dans la cour de l’hôtel de ville du Portel.
"Ça a été un drame dans la ville il y a maintenant 25 ans. Ces filles sont et resteront dans toutes les mémoires des habitants de la ville et de l’agglomération boulonnaise", raconte Olivier Barbarin, maire du Portel.
Il y a 25 ans Audrey, Peggy, Isabelle et Amélie ont été sauvagement assassinées lors du carnaval par des monstres et comme il y a 5 ans j’appelle tous ceux qui le veulent à venir se recueillir le Samedi 19 Février à 12h dans la cour de l’Hôtel de ville.
Olivier Barbarin, maire du Portel
En 2017 déjà, il avait tenu à rendre un hommage à Peggy, Amélie, Audrey et Isabelle. Depuis, les mamans des jeunes filles sont décédées. Mais des membres des deux familles - dont la soeur de Peggy et Amélie et plusieurs nièces des victimes - étaient encore présents aujourd’hui, ainsi que de nombreux habitants de la ville marqués à jamais par ce drame. "Les gens nous en parlent encore dès qu’arrive le moment du carnaval, témoigne le maire de la ville. Ce sont des filles qui auraient aujourd’hui une quarantaine d’années".
Quelques prises de parole accompagnées d’un fond musical… un moment de sobriété, d’émotion et de recueillement nécessaire, pour "ne jamais oublier". Quatre colombes ont par ailleurs été lâchées pour rendre hommage aux quatre jeunes filles.
Au-delà de la mémoire, Olivier Barbarin veut faire passer un message de prévention : "Je tiens à rappeler qu’il faut être très très prudent lors du carnaval. On n’est pas à l’abri de fous qui peuvent roder dans la commune lorsqu’il y a des regroupements comme ça".
Que deviennent les frères Jourdain ?
Les deux bourreaux des quatre jeunes filles ont été condamnés en 2000 à la réclusion criminelle à perpétuité, assorti d’une période de sûreté de 20 ans pour l’un et 22 ans pour l’autre.
Jean-Louis, le plus jeune des deux frères, est décédé en prison en 2019 des suites d’une longue maladie. Selon nos informations, Jean-Michel, aujourd’hui âgé de 60 ans, est toujours incarcéré au centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais.
Après être passé par la prison de Sequedin, il travaille désormais dans l’un des deux ateliers. Sa mission ? Compter le nombre de pochettes de café destinées aux passagers dans les avions et conditionnées par les autres détenus. "Il écoute Johnny Hallyday, coupe des patates et fait des frites", nous raconte un surveillant, qui affirme que le détenu, "une force de la nature", ne reconnaît toujours pas avoir violé et tué Peggy, Amélie, Audrey et Isabelle un soir de février 97.
Le juge d’application des peines qui libérera les frères Jourdain n’est pas encore juge, il n’est peut-être même pas encore né !
Me Antoine DeguinesLa Voix du Nord, 2017
Même si sa période de sûreté s’est achevée en 2019 et qu'il pourrait demander depuis cette date un aménagement de peine, il est encore loin de pouvoir sortir de prison.
Comme l’expliquait maître Antoine Deguines, son conseil de l’époque, à nos confrères de la Voix du Nord en 2017 : "Seulement après la fin de la sûreté, des remises de peine peuvent être effectuées si le détenu travaille, s’il suit des cours, en fonction de son comportement général... Mais aussi de son passif. Le juge d’application des peines qui libérera les frères Jourdain n’est pas encore juge, il n’est peut-être même pas encore né !"