Dans le centre de Boulogne-sur-Mer, au 113 de la Grande Rue, flotte en permanence le drapeau de l'Argentine. Il symbolise la dernière demeure du général San Martín, "père libérateur" de l’Amérique du Sud au XIXe siècle. Son passage à Boulogne a fait de la ville un lieu de pèlerinage pour de nombreux Argentins. Une histoire peu connue qui lie pourtant intrinsèquement Boulogne-sur-Mer et l'Argentine.
Dimanche 18 décembre, la France et l'Argentine s'affrontent sur le terrain pour la Coupe du monde. Si les deux pays sont adversaires d'un jour, l'histoire nous rappelle que des liens amicaux étroits existent entre l'Argentine et la France, et particulièrement entre Boulogne-sur-Mer et Buenos Aires.
Si la ville est connue pour être le plus gros port de pêche de France, du point de vue argentin, c'est le lieu où le général San Martín, héros national de l'Indépendance, a fini sa vie. C'est ce qui explique la présence d'une statue de bronze derrière la digue Sainte-Beuve, près de Nausicaá. On y voit le général qui porte un drapeau sur un cheval au trot, avec à ses pieds "La République" lui offrant une couronne de laurier.
De Buenos Aires à Boulogne-sur-Mer
Comment ce brillant stratège est-il arriver jusqu'à Boulogne-sur-Mer ?
Après avoir libéré du joug espagnol ce qui deviendra l'Argentine, le Pérou et le Chili, des désaccords politiques poussent le général San Martín à l'exil. Il vit un temps à Bruxelles puis arrive en France, à Paris. Il y côtoie la haute société et il est d'ailleurs invité deux fois par le roi Louis-Philippe.
En 1848, il fuit les émeutes parisiennes et c'est à ce moment-là qu'il s'installe à Boulogne-sur-Mer. "C'est le port le plus important de France et un passage obligé pour aller à Londres à l'époque, il voulait être près des côtes britanniques au cas où les choses dégénéraient en France", explique Carlos Ariel Kirilinko, conservateur du musée du général San Martín, à Boulogne-sur-Mer.
Il finit sa vie à Boulogne-sur-Mer et meurt dans son lit, le 17 août 1850, à l'âge de 72 ans. "Il reposera 30 ans en France puis sa dépouille sera rapatriée à Buenos aires", ajoute le conservateur.
Une héros national
La maison où a demeuré celui qui est considéré comme "le père de l'Argentine", située dans le centre-ville, a été acquise en 1926 par le gouvernement argentin et transformée en musée.
On y trouve un écriteau sur lequel est écrit : "Dans cette maison est décédé le 17 août 1850, un illustre soldat de l'émancipation latino-américaine, le général argentin José San Martín, libérateur de l'Argentine, du Chili et du Pérou."
La conservation du musée est confiée tous les deux ans à un membre des forces militaires argentines. Le grenadier et conservateur Carlos Ariel Kirilinko a pour objectif de faire connaître aux Boulonnais et aux touristes la vie de ce héros national.
"Parler de San Martín c'est parler de liberté. C'est le père fondateur. Il a libéré l'Argentine, le Chili, le Pérou, l'Amérique du sud (...) Visiter cette maison est une étape obligatoire pour mes compatriotes argentins" confie-t-il.
En haute saison, le musée accueille 20 visiteurs par jour avec au moins un argentin par visite, affirme le conservateur.
Boulogne Sur Mer en Argentine
Preuve de l'importance de ces liens, dans la province de Buenos Aires, il existe une ville appelée Boulogne Sur Mer, sans les tirets, en hommage à San Juan et à la ville portuaire française où il est décédé.
Peuplée de près de 75 000 habitants, la ville argentine est presque deux fois plus peuplée que la ville française.
Ce dimanche 18 décembre, Carlos Ariel Kirilinko supporte l'équipe argentine "aux côtés de Français et de Latino-Américains avec qui je vais voir le match, ils seront soit pour l'un soit pour l'autre, peu importe, il faut que l'amitié entre nos deux pays continue, même sur le terrain de foot. Au final, j'ai envie de dire, que le meilleur gagne !"