Jacky Lebas habite depuis 2019 en Ukraine. Il a constaté hier une mobilisation des Ukrainiens qui force son admiration face à l'invasion russe. Entretien.
Nous avions déjà recueilli le témoignage de Jacky Lebas, deux jours après le début du conflit en Ukraine. Ce lundi 28 février, il nous a contactés pour témoigner, avant que sa connexion internet ne soit éventuellement coupée.
- Quelles sont les nouvelles ?
Jacky Lebas : Hier [dimanche 27 février], toutes les télévisions étaient à Kiev où ce qui se passe est catastrophique bien sûr mais, en même temps, une centaine de points stratégiques ont été bombardés simultanément. Ahurissant de précision. Tout avait été bien organisé, prévu. Les Russes avaient bien préparé leurs cibles.
- Vous avez vus ces bombardements ?
Jacky Lebas : Non, surtout les panaches de fumée qui se dégageaient au loin. Il y a eu des bombardements près de Jytomyr, ville à proximité de laquelle il y a deux aéroports, civil et militaire, que les Russes ont visés. D'ici, on a entendu les bombardements, vu des nuées d'oiseaux s'envoler, et les chiens ont hurlé à la mort.
- Vous vous êtes rendu sur place ?
Jacky Lebas : Oui, je me suis déplacé dans Jytomyr, je n'ai pas pu tout filmer à cause d'autorisations nécessaires demandées, mais j'ai vu une mobilisation intense et émouvante. Des jeunes de 16-17 ans qui veulent prendre les armes. Des femmes qui transforment des filets de pêche en filets de camouflage. Un papy de 90 ans qui apporte seul dans sa brouette un pneu en estimant que ça peut servir. Des préparations de cocktails Molotov avec des jeunes adultes. Toute la population s'y met.
- Comment allez-vous avec votre femme Elena ?
Jacky Lebas : Personnellement la nuit dernière je n’ai pas dormi. Avec toutes les sirènes, j’ai eu peur que les bombardements fassent effondrer ma maison. Je suis resté habillé chaudement dans le jardin. Ma femme fait des gardes de 24h à la prison où elle est médecin. Elle continue son travail, sinon, elle pourrait être mobilisée au front.