La nouvelle Première ministre britannique a nommé son cabinet. Suella Braverman a été nommée secrétaire d'État à l'intérieur. Elle pourrait adopter une ligne encore plus dure que sa prédécesseure et espère réussir à envoyer les premiers migrants illégaux arrivés depuis Calais vers le Rwanda.
Elle est devenue ce mardi la nouvelle Première ministre britannique au terme d’un vote interne au parti conservateur, et a nommé dans la foulée son gouvernement. La très libérale Liz Truss, qui a promis à ses électeurs de gouverner "comme une conservatrice", a annoncé qu’elle poursuivrait la politique migratoire engagée par Boris Johnson pour réduire le nombre d’arrivées de migrants par la Manche depuis les côtes du Nord et du Pas-de-Calais.
Parmi les nouveaux visages du cabinet, une nouvelle secrétaire d’État à l’Intérieur, l’équivalent de notre ministre de l’Intérieur. Son nom : Suella Braverman. Ancienne avocate de 42 ans et d’origine indienne par ses parents, elle a fait son entrée à la chambre des communes en 2015 après avoir été élue dans le Hampshire.
En 2018, elle obtient son premier poste ministériel dans le cabinet de Theresa May, en charge du Brexit. En 2020, Boris Johnson la propulse procureur général. Avant d’être nommée au Home Office, elle occupait le poste peu médiatique de conseillère juridique du gouvernement depuis un an.
Une ligne encore plus dure que sa prédécesseure ?
Dans son édito en date du mardi 6 septembre, le Guardian met en garde : la nouvelle secrétaire d’État britannique à l’Intérieur fraîchement nommée devrait adopter une ligne encore plus dure en matière de migration que sa prédécesseure.
Priti Patel, à l’origine de l’accord controversé avec le Rwanda pour que le pays accueille sur son sol des migrants de diverses nationalités arrivés illégalement au Royaume-Uni, a présenté sa démission suite à la victoire de Liz Truss dans la course à Downing Street.
Souvenez-vous, ses relations avec son homologue français Gérald Darmanin étaient qualifiées d’exécrables par la presse.
Les critiques se sont demandé si Braverman pourrait souffrir de remords à l'idée d'envoyer des Afghans et des Iraniens au Rwanda étant donné qu'ils, comme son père, disent qu'ils fuient les troubles politiques. Ses commentaires précédents suggèrent que non.
Rajeev SyalExtrait de l'édito du Guardian
Nul doute que le nouveau gouvernement devrait poursuivre le travail engagé par Johnson et son gouvernement dans le domaine de la lutte contre l’immigration illégale. En effet, la nouvelle première ministre est une farouche partisane du "deal" trouvé avec le Rwanda en avril dernier (le Royaume-Uni s’est engagé à verser plus de 140 millions d’euros au pays africain en échange de l’accueil de migrants entrés illégalement sur l’île).
Durant l’été, Liz Truss avait même été accusée de retarder la publication d’un rapport sur les droits de l’homme pour ne pas mettre en péril l’accord signé quelques mois plus tôt avec le pays d’Afrique de l’Est.
"Une guerre culturelle fait rage au Royaume-Uni"
Suella Braverman l’a assuré : faire appliquer cet accord figure sans nul doute en haut de la pile des dossiers sur le bureau de la nouvelle secrétaire d’État britannique à l’Intérieur.
Un temps candidate au poste de Première ministre, elle avait insisté sur le fait qu’une guerre culturelle fait rage au Royaume-Uni et que son pays devait expressément quitter la convention européenne des droits de l’homme (CEDH). C’est en s’appuyant sur la CEDH que la Cour européenne des droits de l’Homme s’était appuyée pour bloquer in-extremis l’avion spécialement affrété pour emmener les premiers migrants vers le Rwanda.
Quitter cette convention ne stoppera toutefois pas la colère qui gronde dans le pays autour de cette mesure jusqu’aux plus hauts sommets : le prince Charles était sorti de sa réserve pour se dire "consterné" par cette mesure. Depuis ce lundi 5 septembre, la Haute Cour de Londres examine de nouveau le recours d’associations qui s’opposent à ces expulsions. Un nouvel épisode judiciaire d’un bras-de-fer entamé au lendemain de la signature de l’accord avec Kigali en avril dernier.
Pendant ce temps, les traversées se poursuivent à un rythme inégalé. Depuis les côtes du Nord et du Pas-de-Calais, des centaines de migrants prennent chaque jour tous les risques pour rejoindre l’Angleterre. Rien qu’en 2021, 28 000 exilés avaient traversé la Manche. Et 2022 pourrait battre ce triste record. Alors qu’au moins 27 000 personnes ont atteint les côtes anglaises par la mer depuis le 1er janvier, un récent rapport parlementaire britannique estime que le total pourrait atteindre 60 000 à la fin de l’année.