"Ils sont vivants", le film de Jérémie Elkaïm porte à l’écran l’histoire de Béatrice ou la vraie vie d’une veuve qui tombe amoureuse d’un migrant à Calais

"Ils sont vivants" est la première réalisation du comédien et scénariste Jérémie Elkaïm. Le film qui sortira en salles le 23 février est présenté à Tournai, au Ramdam Festival. Il est adapté de "Calais mon amour", l’histoire vraie de Béatrice Huret.

Tout commence par un enterrement. Un corps que l’on descend difficilement dans une tombe. Béatrice (Marina Foïs), aide-soignante en gériatrie, entame le premier jour du reste de sa vie. Son mari policier emporté par la maladie les laisse seuls, elle et son fils, dans cette petite maison du Pas-de-Calais imperméable aux bruits et fureurs du monde qui les entoure. 

Le monde est pourtant à leurs portes. La proximité d’un camp, les migrants que l’on croise sur les routes au petit matin ou à la nuit tombée, les va-et-vient des bénévoles vont réveiller l’âme et le corps d’une femme en deuil de toute espérance. 

"Tu joues à quoi ?"

Ce sont tous les vêtements du défunt mari, jetés en vrac dans des sacs poubelle, et distribués aux réfugiés plus par  curiosité que par humanité, qui feront sortir la vie de notre héroïne des rails de l’ennui et de la résignation.

Béatrice, confrontée dans son travail au naufrage du grand âge, découvre alors le drame qui se joue à quelques kilomètres de chez elle. Les rêves d’Angleterre, les campements de fortune, les regards sombres et parfois même les terribles bouches cousues avec du fil pour protester contre la destruction des cabanes. 

"Tu es trop faible"

Le cinéma de Jérémie Elkaïm filme l’âpreté du réel, sans s’encombrer de bons sentiments. Le petit monde des associatifs, altruistes ou intéressés, le froid, la boue des campements, et une chienne qui met bas devant les yeux des enfants effrayés autant que fascinés. 

Quand le regard de Mokhtar (Seear Kohi) se pose sur Béatrice, il semble être le seul à pouvoir lire en elle. Et rapidement la courbe de ses yeux fait le tour de son cœur.

C’est le plus possible à l’abri des regards et dans le secret, que se nouera l’intimité de Béatrice et de l’enseignant iranien en quête de départ. Les visages et les corps remplissent l’écran. Béatrice qui traversait la vie comme un fantôme, jusqu’à en oublier la douceur d’une peau, redécouvre l’amour physique. 

Le destin qui bascule, le quotidien qui bouscule, d’autres réalisateurs s’étaient déjà emparés du thème des réfugiés : Philippe Lioret dans "Welcome", Jean-Pierre Améris dans "Maman est folle" avec une Isabelle Carré dont la blondeur nous renvoie à celle de Marina Foïs, traversant elle aussi le miroir du réel comme pour le saisir à la gorge et se délester d’une vie anesthésiante.

Mokhtar cherche plus la liberté que l’amour. C’est sur une "coque de noix à deux mille euros" qu’il tentera de traverser la Manche.Y parviendra -t- il ? Et alors que deviendra Béatrice ? Et si finalement dans cette histoire c’est elle qui faisait le plus grand voyage ? La rencontre avec elle-même.

Le film qui sortira en salles le 23 février 2022.

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