Ancien président de la CCI de Calais, ancien président du Crufc, club de football de la ville, Jean-Marc Puissesseau va bientôt quitter ses fonctions de PDG des ports de Calais et Boulogne. Son successeur sera en poste le 13 août 2022.
Si le débit de paroles de Jean-Marc Puissesseau est à l'image de sa vie, voici le portrait de quelqu'un qui a vécu à 100 à l'heure. Vif, allant droit au but, il nous raconte avec la force de l'anecdote quelques tranches de vie.
Né à Bergerac en 1940, en zone libre, Jean-Marc Puissesseau revient avec sa mère à Calais en 1946. "En 1940, papa était avec un copain français dans la poche de Dunkerque. Son ami est parti acheter des cigarettes et a donc embarqué à destination de l'Angleterre sur le navire d'après, qui a été coulé par les Allemands. Ca tenait à peu de choses quand même".
En 1956, sa mère décède d'un cancer. Le jeune Jean-Marc, 16 ans, éprouve une grande tristesse et un grand manque. "Pas un jour sans que j'y pense" affirme-t-il aujourd'hui. Mais pas question de ruminer le présent alors, pas très sympathique. "Cela m'a habitué à me gérer, à me battre, à être seul, sans être assisté".
"Ascendant psychologique"
Ecole communale, début du lycée à Calais, puis pensionnaire à Tourcoing (sa mère étant déjà malade), il se retrouve étudiant à l'Institut d'interprétariat à l'université de Sarrebruck, en Allemagne. "Pour les affaires plus tard, cela a été un vrai plus. A l'époque, peu de monde parlait anglais et allemand". Et plus tard, lors de signatures de contrats, Jean-Marc mettra un point d'honneur à ne pas parler français avec les entrepreneurs allemands. "Je suis persuadé que ça permet d'avoir un ascendant psychologique".
Parallèlement, Jean-Marc Puissesseau fait de l'escrime et acquiert un niveau tel qu'il intègre le bataillon de Joinville en lieu et place de son service militaire.
Salarié, puis créateur d'une société de distribution de matériel électrique, l'homme crée Tresco qui sera distinguée sous Nicolas Sarkozy, quand il était ministre des Finances. Tresco est alors considérée comme l'une des dix entreprises françaises les plus performantes.
Mai 2000 : élu à la CCI, finale de la coupe de France la même semaine
Le secret ? "Ne pas vivre le moment présent mais se propulser en avant, deux ou trois ans, voire davantage. An-ti-ci-per". Tresco est aujourd'hui l'une de ses fiertés. Tout comme le nouveau port transmanche de Calais. Imaginé en 2003, il est d'emblée voulu comme ambitieux pour accueillir entre Calais et Douvres trois compagnies, 10 bateaux, un départ toutes les heures et 5 allers-retours par jour par bateau. À noter qu'il est équipé d'un terminal ferroviaire vers Sète, Perpignan, Mâcon ou Turin. "C'est la seule plate-forme de ce type dans un port français" précise Jean-Marc Puissesseau. "Inauguré en 2021 après 863 millions d'euros de travaux, son capital est aussi ouvert à hauteur de 5% pour les quelque 600 salariés".
S'il fallait retenir un moment, Jean-Marc Puissesseau, évoquerait sans doute cette fameuse semaine de mai 2000, où, nommé président de la CCI du port le lundi 1er mai, il se retrouve avec le président de la République Jacques Chirac pour la finale de la Coupe de France, malheureusement perdue par le Crufc (dont il est président) face à Nantes, le samedi qui suit.
La retraite ? "Je ne connais pas, mais ma vie a toujours été remplie, je ne vois pourquoi elle ne le serait plus". On verra. En tout cas ses petits-enfants auront une place toute particulière. Son successeur sera en poste le 13 août 2022.