Journée internationale des migrants : les associations critiquent une politique de "tri"

A l'heure où le gouvernement affiche sa fermeté en matière migratoire, l'inquiétude des associations monte autour du recensement prévu par l'Intérieur dans les centres
d'hébergement d'urgence, qui risque selon elles de tourner au "tri" au détriment des sans-papiers.

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Plusieurs grands acteurs de l'hébergement d'urgence, ainsi que SOS Racisme, ont saisi lundi le Défenseur des droits Jacques Toubon, lui demandant "d'intervenir auprès du gouvernement" pour que ses dernières instructions "portant gravement atteinte aux droits fondamentaux" des étrangers "ne soient pas mises à exécution".

La colère des associations, en ce 18 décembre qui est aussi la journée internationale des migrants, s'est cristallisée autour d'une circulaire datée du 12 décembre, dans laquelle l'Intérieur demande aux préfets d'envoyer des "équipes mobiles" pour procéder à un recensement dans les centres d'hébergement d'urgence. Mesure pratique, souligne-t-on à l'Intérieur, en expliquant que le flou régnant autour des personnes hébergées contribue à la saturation des structures.

L'idée est donc de réorienter les occupants en fonction de leur situation administrative (réfugié, débouté...). C'est là que le bât blesse. "Sous couvert d'offrir une orientation" adaptée, ce dispositif "détourne l'hébergement d'urgence" de sa finalité pour "mettre en oeuvre la politique de gestion des flux migratoires", estiment les associations. "Certaines personnes vont être amenées à fuir si les centres deviennent des pièges, et le dispositif va produire plus de personnes à la rue", avertit Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (ex-Fnars). L'Intérieur tente de calmer le jeu en répétant qu'il n'y aura pas de policiers dans les équipes mobiles, que celles-ci s'annonceront "au moins 24 heures à l'avance", et en soulignant la possibilité de régularisation ouverte par cette circulaire.


"Bons" et "mauvais" migrants


Mais les associations anticipent le risque de devoir fournir des listes de personnes hébergées, comme l'a déjà demandé le préfet de Haute-Savoie, ou la possibilité qu'une procédure d'expulsion soit engagée si un sans-papier est assigné à résidence. Faisant valoir leur mission d'"accueil inconditionnel", elles refusent d'avance de "devenir des annexes des préfectures" en  participant à ce "tri".

Une accusation familière: en octobre déjà, M. Toubon s'était inquiété d'une logique de "tri" entre "bons" et "mauvais" migrants. Mais il visait alors la dichotomie alors opérée par Emmanuel Macron entre demandeurs d'asile et "migrants économiques". Car côté accueil, la France mise sur la sélection dans les pays de transit, avec un objectif de 10.000 réfugiés "réinstallés" d'ici 2019 dont 3.000 en provenance d'Afrique : lundi, les premiers sont arrivés à Roissy.

Côté fermeté, le ministre de l'Intérieur s'est félicité lundi d'une hausse de 14% des renvois cette année. M. Macron lui-même avait souhaité en octobre que "nous reconduisions de manière intraitable celles et ceux qui n'ont pas de titre" de séjour. Le ministre de l'Intérieur a depuis donné des consignes très fermes aux préfets pour "renforcer" la lutte contre l'immigration irrégulière.


Un durcissement de la politique migratoire


C'est qu'à Beauvau, on redoute que la France ne subisse avec un temps de retard la crise migratoire de 2015-2016, en raison de "flux secondaires" de migrants, déboutés de l'asile en Allemagne notamment. Les migrants "dublinés" (enregistrés dans un autre pays européen censé traiter leur dossier) représentent "52% des demandeurs d'asile" en France, selon une circulaire du 20 novembre. 

Mais du côté des défenseurs des étrangers, les critiques sur le durcissement de la politique migratoire s'intensifient. Les associations s'inquiètent du "harcèlement" policier à Calais, Paris ou à la frontière franco-italienne, où les migrants tentent désormais de passer par le Briançonnais et ses cols enneigés.

La commission consultative des Droits de l'homme (CNCDH) s'est inquiétée il y a quelques semaines de réponses contribuant à "nourrir un sentiment de xénophobie". Et le projet de loi attendu au premier semestre aiguise ces inquiétudes, puisque le gouvernement compte doubler la période maximale de rétention, réduire les possibilités de recours, et introduire une notion contestée de "pays tiers sûr" où les déboutés pourraient être renvoyés, selon le texte que s'est procuré l'AFP.


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