Le Japon à l'honneur pour la nouvelle exposition du "chercheur de la mode" Yuima Nakazato, à la Cité de la dentelle de Calais

Après Yves Saint Laurent, l'an dernier, c'est un créateur avant-gardiste que la Cité de la dentelle et de la mode de Calais met en lumière : Yuima Nakazato. Le styliste japonais développe une mode inspirée par la tradition du pays du soleil levant et les innovations technologiques. C'est la première exposition consacrée à ce couturier.

Une tenue sculpturale accueille les visiteurs de la Cité de la dentelle et de la mode à Calais : des vagues plissées multicolores, un vêtement qu'on croirait sorti tout droit d'un manga ou d'un film de sciences-fictions. Cette œuvre, c'est Atlas, issue de la collection printemps-été 2021 de Yuima Nakazato. Pour cette pièce, le créateur japonais n'a eu recours à aucune couture. Il a utilisé vingt-huit morceaux d'un textile innovant composé d'une fibre obtenue à partir d'une protéine végétale de synthèse : la Brewed Protein qui a la capacité de se rétracter au contact d'une eau à 70 degrés.

"Quand j'ai découvert ce matériau", explique le créateur,"il en était encore au stade expérimental. Il se rétractait de 40 % au contact de l'eau. Mais j'ai essayé de transformer cet inconvénient en avantage. J'ai utilisé des encres et impressions spéciales, et j'ai réussi à maîtriser le processus de contraction. J'ai ainsi découvert que cela pouvait produire des formes en trois dimensions. Donc, je n'utilise ni fil, ni aiguille pour créer ces formes organiques."

Un créateur d'avant-garde

Originaire du Japon, Yuima Nakazato est un créateur de mode avant-gardiste, né en 1985. Il a étudié à l'académie d'Anvers. En 2008, il reçoit le prix de l'innovation pour son travail de fin d'études où il introduit l'origami. En 2015, il fonde sa propre marque et participe un an plus tard à la Fashion Week à Paris. Il crée des costumes de scène pour Lady Gaga, des danseurs de l'Opéra de Genève. Son travail oscille entre Orient et Occident, artisanat et technologie, passé et futur. "Sa couture se veut un laboratoire de recherche au service d'une mode plus respectueuse de l'environnement, il interroge le rapport entre le corps et la société" explique Shazia Boucher, commissaire de l'exposition. 

Jusqu'au 5 janvier 2025, la Cité de la dentelle et de la mode lui consacre une exposition, intitulée "Au-delà de la couture". C'est la première fois que son travail est ainsi présenté. Une cinquantaine de silhouettes, inspirées de ses voyages, de ses réflexions, ainsi que des croquis de mode, des dessins techniques dévoilent son cheminement créatif, dans un univers futuriste et poétique .

Des vêtements évolutifs et durables

Très préoccupé par le fait que l'industrie de la mode est l'une des plus polluantes, Yuima Nakazato développe des pièces durables, à l'image des kimonos qui se transmettaient de génération en génération. "Avons-nous besoin de confectionner davantage de vêtements ?" interroge-t-il. Pour lui, le vêtement doit évoluer avec les corps, or l'utilisation du fil et de l'aiguille rend les vêtements statiques. Il a donc mis au point une nouvelle technique : le "Type-1", un système de petits éléments numérotés qui se fixent par des sortes de pressions et qui permet d'adapter la tenue aux différentes morphologies, d'en remplacer les parties usées pour prolonger la durée des vêtements.

"Historiquement, la haute couture était plutôt réservée aux femmes, purement artisanale et se souciait peu de l’excès ou du gâchis. J’essaie de suivre une autre voie ", dit-il. Une voie où la qualité de la haute couture serait au service du plus grand nombre, une voie où les tenues sont portées indifféremment par des hommes ou des femmes.

Yuima Nakazato s'engage pour une mode plus responsable et éthique, ce qu'il nomme "les standards du futur".