Le gouvernement du Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a présenté son nouveau projet de loi immigration. Il prévoît d'interdire la demande d'asile aux réfugiés arrivés en "small boats" par la Manche. Un texte qui s'oppose aux traités européens, fermement dénoncé par les associations.
Ils étaient des centaines, à Londres et à Westminster, à répondre à l'appel des associations Care4Calais et Stand Up to Racism, ce 13 mars. Dans les rangs des manifestants, un message prédomine, tendu à bout de bras sur une marée de pancartes : "Refugees Welcome", "Les réfugiés sont les bienvenus".
Les associations qui oeuvrent auprès des exilés à la frontière franco-britannique, et surtout à Calais, sont vent debout contre le nouveau projet de loi immigration du gouvernement de Rishi Sunak. Elus sur la promesse de réguler les flux migratoires, le camp pro-Brexit veut interdire aux exilés arrivés par la Manche de demander l'asile sur son territoire.
Un projet de loi "illégal" ?
Care4Calais qualifie cette disposition "d'illégale". Celle-ci l'est en tout cas au regard du droit international, et entre notamment en contradiction avec la Convention Européenne des Droits de l'Homme, dont Londres est, pour le moment, toujours signataire.
Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, la loi "Stop the boats" est également une "brèche" dans la Convention de 1951 relative au statut de réfugiés.
"La plupart des personnes fuyant la guerre sont simplement dans l'impossibilité d'avoir accès aux passeports et aux visas requis. Il n'y a pas de route sûre et légale pour eux. (...) La Convention reconnaît explicitement que les réfugiés sont parfois forcés d'entrer dans un pays illégalement pour y demander l'asile", explicite l'ONU.
La création d'une voie migratoire sûre et légale est également une des demandes de l'association Care4Calais, mais le gouvernement britannique est resté très évasif sur ce point, y compris lors de sa rencontre avec Emmanuel Macron.
"Davantage de drones, d’hélicoptères et d’aéronefs"
Le 10 mars, après le 36ème sommet bilatéral franco-britannique, le Premier ministre du Royaume-Uni Rishi Sunak annonçait confier à la France une enveloppe de 541 millions sur 3 ans, dédiée à la sécurisation de leur frontière commune.
Paris et Londres promettent ensemble l'ouverture d'un nouveau centre de rétention administrative dans le Nord ou le Pas-de-Calais, des effectifs accrus pour patrouiller les plages du Calaisis et "davantage de drones, d’hélicoptères et d’aéronefs".
Le versement de cette somme colossale s'inscrit dans la logique des accords du Touquet, signé en 2003. A l'époque, la France de Jacques Chirac accepte le déplacement de la frontière sur ses côtes et de se charger, contre dédommagement, de la répression des flux migratoires considérés illégaux.
Mais cette stratégie n'a jamais payé et la militarisation accrue de la frontière n'a pas dissuadé les exilés qui veulent atteindre Londres en quête d'une vie meilleure. En 2022, pas moins de 45 000 tentatives de traversées de la Manche ont été dénombrées.
Alors, le Royaume-Uni accuse la France d'être un mauvais gendarme, la France accuse le Royaume-Uni d'être un mauvais payeur. Un scénario qui a encore cristallisé les tensions en 2021, après un naufrage ayant fait 27 victimes dans la Manche.
Avec la signature de ce chèque, le Premier ministre Rishi Sunak montre sa détermination à appliquer sa politique migratoire ultra-rigoriste, malgré les échecs jusque-là essuyés par la politique de militarisation.