La cour d'assises du Pas-de-Calais et le tribunal de grande instance de Saint-Omer vont mettre en place un dispositif d'aide psychologique pour les jurés d'assises, à titre expérimental pendant un an.
"Décider de l'avenir d'autrui ça n'est pas facile, il faut vivre avec et avec des peines criminelles qui sont parfois très lourdes, même si le juré n'est pas seul, la décision est collégiale", a expliqué le président du TGI Bertrand Duez lors de la présentation à la presse. Une équipe de deux psychologues, bénévoles, s'engagent dans cette phase expérimentale d'un an à partir de décembre, sur trois sessions d'assises à Saint-Omer, sous la conduite de la présidente des assises Anne Cochaud-Doutreuwe.
Les psychologues devront échanger et aider les jurés à surmonter différentes épreuves : le choc de la procédure, l'extériorisation des émotions ressenties durant le procès, la difficulté entre doute et conviction d'opiner lors d'un vote et le poids de la décision. "Les psychologues devront permettre aux jurés de reprendre leur vie normale après cette parenthèse qu'est la cour d'assises", a développé M. Duez.
Psychologues et jurés ne pourront en aucun cas aborder directement l'affaire pour laquelle ils ont siégé ni toutes les questions liées au délibéré, frappé par le serment du secret. Etre juré est une expérience que chacun vit et subit "en fonction de son histoire personnelle", selon Bertrand Duez, qui souligne les difficultés rencontrées. "C'est déjà la charge des débats, l'intimité dévoilée, le choc et la cruauté parfois des images et des dépositions qui sont données", explique-t-il.
Temps d'échange collégial
"Il ne faut pas non plus négliger que l'on entend tout le monde et qu'il est difficile de prendre une décision sur la culpabilité et sur la peine quand on a entendu sur plusieurs jours des dépositions contradictoires, des plaidoiries et des réquisitions". L'aide psychologique sera proposée aux jurés qui peuvent la refuser. Le temps d'échange oscillera entre une et deux heures en fonction du nombre de jurés présents. Il sera collégial et interviendra à l'issue du dernier procès de la session d'assises.
Les jurés ayant siégé dans d'autres procès de la même session pourront donc revenir pour bénéficier de l'aide psychologique. Au bout d'un an, une évaluation sera réalisée par un psychologue indépendant n'ayant pas participé directement aux échanges, sur la base de questionnaires remplis par les jurés. La Cour d'Assise du Pas-de-Calais et le TGI de Saint-Omer ont associé au projet l'association d'aide aux victimes AVIJ 62, afin de faire appel à ses psychologues en fonction des demandes. Un dispositif similaire existe depuis septembre 2014 à la cour d'assises de Pau et depuis février 2017 à celle de Troyes.