Le vice-président du Rassemblement National va être jugé pour avoir préfacé un guide en 2013 demandant aux futurs élus FN de réclamer l’application de la "priorité nationale dans l’accès aux logements sociaux".
Le vice-président du Rassemblement National Steeve Briois, également maire d’Hénin Beaumont, sera jugé pour "complicité" de "provocation publique à la discrimination" dans l'affaire du guide d'élus publié en 2014, indique l’Agence France Presse. L'eurodéputé RN Jean-François Jalkh sera quant à lui jugé pour "provocation à la discrimination" dans la même affaire.
Initialement placé sous le statut de témoin assisté, M. Briois a été mis en examen en novembre dernier, avant d'être renvoyé devant le tribunal de Nanterre.
"Priorité nationale dans l’accès aux logements sociaux"
En 2014, l’association Maison des Potes avait porté plainte mettant en cause les responsables de la publication du "Guide pratique de l’élu municipal Front national".
Dans ce document, édité plusieurs mois avant les élections municipales de 2014, le Front National (devenu Rassemblement National) demandait à ses futurs élus de réclamer l’application de la "priorité nationale dans l’accès aux logements sociaux". Steeve Briois, alors secrétaire général du FN, avait préfacé ce guide.
À noter que dans ce dossier, l'ex-eurodéputée Sophie Montel, qui a depuis quitté le parti frontiste, a également été renvoyée pour "complicité" de "provocation publique à la discrimination".
"Il est inadmissible que je puisse être poursuivi pour avoir signé la préface de ce guide"
Contacté, l’actuel maire d’Hénin-Beaumont et vice-président du Rassemblement National juge "inadmissible" de pouvoir être "poursuivi pour avoir simplement signé la préface de ce guide où rien n’est litigieux".
Steeve Briois rappelle également que ces poursuites ne concernent pas son mandat de maire puisqu’il n’était pas encore élu lorsque ce guide a été publié. "De manière délirante, il est reproché à ce guide, dont je ne suis ni l’éditeur ni l’auteur, de vanter les mérites de la préférence nationale, dénonce par ailleurs Steeve Briois. Sur le fond comme sur la forme, il n’y a évidemment aucune complicité ou d’incitation à la discrimination de ma part".
"Sur le fond comme sur la forme, il n’y a évidemment aucune complicité ou d’incitation à la discrimination de ma part et il est inadmissible que je puisse être poursuivi pour avoir simplement signé la préface de ce guide où rien n’est litigieux".
Depuis cette annonce, les réactions politiques se multiplient, particulièrement du côté du RN. À commencer par Marine Le Pen, candidate à l’élection présidentielle de 2022, qui évoque des poursuites "honteuses" et affirme qu’elle défendra la priorité nationale dans l’accès aux logements sociaux lors de la campagne qui s’annonce.
Je défendrai à nouveau cette position de bon sens pendant la #Présidentielle2022. J’attends donc la justice de pied ferme. Nous ne reculerons pas ! https://t.co/8hWQFxR356
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) September 13, 2021
De son côté, le maire RN de Fréjus David Rachline s’étonne du calendrier judiciaire, avançant que "la justice s’adapte visiblement très bien au calendrier électoral".
Samuel Thomas, président de la Maison des Potes, se réjouit de ce renvoi devant le tribunal correctionnel. "Certes, ce sont des individus qui vont être jugés mais c’est bien le parti Front National qui est jugé pour avoir ordonné à tous les élus municipaux du cru 2014 d’instaurer la préférence nationale", explique-t-il.
Selon lui, ce renvoi "permet de rappeler que donner des injonctions à mettre en œuvre des politiques discriminatoires dans des villes est prohibé".