Ces allégations sur les enfants handicapés l’ont indignée. Me Marianne Bleitrach, avocate lensoise, elle-même, privée de sa mobilité, vient de signaler, au Parquet de Paris, les propos, pour le moins polémiques, d’Eric Zemmour, dans un dossier étayé.
"J’ai reçu ses mots en pleine figure", explique Me Marianne Bleitrach, en se remémorant l’intervention filmée d’Eric Zemmour, la semaine précédente. "J’étais furieuse et triste en même temps. C’est abominable, ces propos… Et je me suis dit, pas question de laisser passer ça !".
Alors avec son époux, Jean-Bernard Geoffroy, lui aussi avocat spécialisé dans les questions de discrimination, l’avocate lensoise a décidé de signaler ces propos à la justice. Des propos qui l’ont touché particulièrement. Me Marianne Bleitrach a été privée de sa mobilité depuis sa plus tendre enfance et a fait toute sa scolarité dans l’enseignement public. "En primaire, je suis toujours restée dans la même classe", se rappelle-t-elle, "elle était accessible, au rez-de-chaussée. Les autres gosses l’avaient appelée la classe Marianne… Je ne pouvais pas aller en récré, un instit ou un camarade restait avec moi. Egalement au lycée, les enfants se battaient même pour rester avec moi pendant la récré, surtout l’hiver", ajoute-t-elle avec humour.
Aujourd’hui, cette avocate réputée à la riche carrière (Me Marianne Bleitrach a défendu la partie civile dans l’affaire Flactif, cette famille du Pas-de-Calais disparue au Grand Bornand, en 2011, elle a représenté les proches de Laurence Maille, tuée par son compagnon John Szablewski. Enfin, l’année précédente, elle avait aussi gagné contre l’Etat, après une longue bataille pour faire reconnaître l’inaccessibilité des juridictions pour les personnes handicapées) tacle l’obsession de l’inclusion du candidat Zemmour.
"L’exclusion de toute personne qui n’est pas dans la norme fait partie de son idéologie. Ça fait penser à de tristes moments de notre histoire. Alors que tout le monde veut l’inclusion des enfants handicapés, Éric Zemmour ne se rend pas compte que c’est une richesse pour les valides d’apprendre à vivre avec d’autres personnes qui ne sont pas comme eux. Lui, il ne veut pas qu’on apprenne à vivre avec quelqu’un de différent de soi".
La balle est dans le camp du Parquet de Paris. Qui devra décider à partir du dossier étayé par les deux avocats lensoise s’il y a matière à poursuivre. Me Marianne Bleitrach espère bien alors que des associations la rejoindront dans son action.